Alzheimer : la caféine pour lutter contre la maladie
Rédigé par Clémentine Billé , le 10 April 2014 à 11h30
La protéine Tau développe l'Alzheimer : la caféine lutte contre !
Une étude a révélé les effets de la caféine sur une protéine présente dans les neurones, et qui est à l’origine de la maladie d’Alzheimer. Alors qu’aucun traitement ne permet de guérir de ces maladies dégénératives, les chercheurs misent tout sur cette substance.
Aucun traitement n’existe encore pour soigner la maladie d’Alzheimer. On savait que le café nous sauvait de nos longues nuits de folie et d’insomnie. Aujourd’hui, on découvre que le café peut prévenir de la maladie d’Alzheimer, et c’est scientifiquement prouvé ! Des chercheurs franco-allemands publient leur étude dans la revue Neurobiology of Aging.
La caféine s’attaque à la protéine Tau, à l’origine d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer et les pathologies apparentées représentent la première cause de perte des fonctions intellectuelles liées à l’âge. Ce déclin a deux facteurs : les plaques « amyloïdes » à l’extérieur des neurones et l’accumulation de protéines Tau anormales à l’intérieur. La recherche, qui a été menée par les scientifiques de l’Institut de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM) et le laboratoire Alzheimer et Tauopathie de Lille, s’est intéressée aux protéines Tau.
Depuis plusieurs années déjà, les scientifiques savent que la consommation habituelle de caféine (à raison de 0,3 g par litre d’eau absorbé), réduit le déclin cognitif naturel, au cours du vieillissement et le risque de développer une démence. Pourtant, nul n’avait jamais fait le rapprochement avec la « tauopathie ».
Les chercheurs reconnaissent que leur étude n’a à l’heure actuelle que porté sur des rongeurs. L’efficacité sur les humains reste donc à démontrer. L’expérience s’est faite sur des souris transgéniques, afin qu’elles développent progressivement avec l’âge une dégénérescence liée à la protéine Tau. Pendant dix mois, les chercheurs lillois leur ont administré une dose de caféine correspondant à deux tasses quotidiennes pour l’homme. David Blum, le chercheur Inserm/Université de Lille qui a co-dirigé les travaux avec le Dr Christa Müller de l'Université de Bonn constate alors que « les souris traitées par la caféine ont développé une pathologie moins importante du point de vue de la mémoire, des modifications de la protéine tau, mais également de la neuro-inflammation ».
Mise au point d’une molécule plus efficace que la caféine
Le Dr Christa Müller a développé à la suite de l’étude une molécule qui imite l’effet de la caféine. « Ces travaux vont dans le sens d'une contribution importante des facteurs environnementaux dans le développement de la maladie d'Alzheimer » explique David Blum. La molécule serait même plus efficace que la caféine chez les souris prédisposées à la maladie. La raison est simple : selon les chercheurs, le mécanisme qui permet à la caféine d’agir est dû à sa faculté de bloquer la version A2A de l’adrénosyne. Ainsi, la molécule du Dr Müller cible ce récepteur A2A spécifiquement.
« Au vu de ces résultats, nous souhaitons maintenant, d'une part, identifier la cible moléculaire responsable des effets bénéfiques de la caféine et, d'autre part, mettre sur pied un essai clinique à base de caféine chez des patients atteints de la maladie d'Alzheimer », confirme le Dr Blum.
L’espoir de soigner la maladie est de moins en moins abstrait. De plus, une toute nouvelle étude américaine révèle que le café aurait aussi un effet sur les plaques amyloïdes, autres facteurs de la dégénérescence cognitive.