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Améliorer la chimiothérapie oui, mais pas la chimio palliative

Rédigé par , le 10 March 2014 à 15h00

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La spironolactone servirait à améliorer les chimiothérapies

La spironolactone servirait à améliorer les chimiothérapies

Le directeur de recherche Frédéric Coin et son équipe ont trouvé une nouvelle substance qui, combinée avec la chimiothérapie améliorerait la guérison. Grande nouvelle dans le domaine du cancer, qui tue 1 homme sur 3 et une femme sur 4 en France. Mais, attribuer une chimiothérapie en phase terminale, est-ce bien nécessaire ?

On se tue pour trouver un traitement efficace contre les cancers, et voilà que notre propre organisme les aide à se régénérer. Comment ? Notre ADN est constamment agressé, à commencer avec les rayons UV. Ainsi, nous sommes bien contents de savoir que notre organisme a développé un système afin de réparer toutes ces lésions. Le problème arrive quand ce système amenuise l’efficacité d’une chimiothérapie.

Notre système immunitaire combat les agressions de la chimiothérapie

Il existe diverses manières de soigner les cancers des 25 millions de personnes atteintes dans le monde. Le traitement le plus connu est la chimiothérapie. Ce sont des médicaments administrés dans le corps du patient et qui agissent contre les cellules cancéreuses. Plus précisément, la dose injectée provoque des lésions dans l’ADN des cellules tumorales pour empêcher leur prolifération. Or, le système immunitaire répare les lésions causées par la chimio. Très actifs, ces mécanismes appelés la NER (Nucleotide Excision Repair) peuvent détecter une lésion, et remplacer aussitôt une partie d’ADN endommagée par un fragment sain. Ainsi, les scientifiques pensent qu’il faut bloquer les mécanismes de réparation de l’ADN pour une chimiothérapie efficace.

Bloquer ce processus de réparation, d’accord pour les chimio, mais pour le reste, n’est-ce pas dangereux ? Si ce mécanisme est naturel et aussi efficace, c’est bien parce qu’il a une fonction primordiale.  D’abord, il freine le vieillissement de l'organisme et répare les lésions comme celles apparues via un pontage. Paradoxalement, sa dernière fonction est la prévention de tumeurs et cancers.

Bloquer le processus de réparation pour une chimio efficace

Il fallait alors un système qui bloque la réparation, mais puisse la remettre en marche sans endommagement. Frédéric Coin, directeur de recherche à l’Inserm (l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg) et son équipe ont relevé ce défi. Ils ont publié les résultats de leur étude en février dans Chemistry&Biology.

Question éthique : savoir quand arrêter la chimioIls ont testé plus de 1200 molécules thérapeutiques pour qu’enfin une puisse affronter l’activité de la NER, et donc tout le principe de notre système immunitaire. La spironolactone, déjà utilisé pour l’hypertension et les œdèmes aurait cette faculté. Combinée aux dérivés de platine (les médicaments administrés lors d’une chimiothérapie), la substance amène à une forte augmentation de la cytoxicité (la division des cellules pour empêcher la prolifération tumorale) des cellules cancéreuses notamment du colon et des ovaires.

Le point fort de ce médicament est qu’il est déjà sur le marché, et ses effets secondaires sont connus (augmentation importante de l’élimination d’urine, fatigue, étourdissement, nausées, etc). Les médecins sont très bien renseignés sur cette substance, et connaissent les contre-indications. Frédéric Coin et son équipe espèrent donc une rapide mise en œuvre de chimiothérapies qui incluront la spironolactone.

La chimiothérapie palliative remise en question

355 000 nouveaux cas de cancer sont détectés par an. De quoi s’agiter autour de l’efficacité des traitements. Cependant, certaines personnes bénéficient d’une chimiothérapie alors qu’elles se savent condamnées. Leur motivation ? Prolonger leur durée de vie autant que possible et surtout atténuer les symptômes de la maladie. Une étude américaine révèle ainsi que sur 386 patients décédés d’un cancer durant les 4 derniers mois, dans 8 établissements d’oncologie, 56% étaient toujours sous chimiothérapie.

L’étude avance que ces personnes ne sont pas conscientes de la gravité de leur état, et elles sont moins nombreuses à exprimer leur désir de fin de vie, contrairement à celles qui n’ont aucun traitement. Le taux de survie ne diffère pas selon si oui ou non le patient a eu une chimio. Seul le lieu du décès change : les patients non soignés meurent davantage à leur domicile, tandis que les patients soignés succombent à l’hôpital.

La pratique des chimiothérapies palliatives est alors remise en question. De nombreux groupes éthiques se mettent en place pour savoir où commence l’acharnement thérapeutique. La question porte sur la décision d’arrêter une chimiothérapie et quand. Les hôpitaux de Paris par exemple, mettent des cas en ligne pour amener à une discussion sur cette pratique. En 2012, ils publiaient le cas d’une femme ayant un mari, deux filles et des petits-enfants, qui s’opposaient à l’arrêt de la chimiothérapie. La patiente était malade du colon depuis 4 ans, et ne supportait plus le traitement. Tout le questionnement reste à l’heure actuelle en suspens. 

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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