Des greffes fécales contre la maladie de Crohn
Rédigé par Céline Le Goff , le 09 July 2014 à 14h43
Une expérience a été tentée à l’hôpital Saint-Antoine à Paris pour faire avancer le traitement de la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire du tube digestif. Cette pathologie est extrêmement gênante au quotidien.
Des poches de stomie sont posées lors d’une ablation de la partie endommagée de l’intestin
L’ancien mannequin britannique Bethany Townsend vient de lever un tabou sur sa maladie. Cette jeune femme de 23 ans, atteinte de la maladie de Crohn, a posté sur le groupe Facebook Crohn's and Colitis UK une photo d’elle en train de bronzer en maillot de bain, ses poches de stomie visibles sur le ventre. Par ce geste, elle a inspiré des milliers de personnes qui ont apprécié cet acte de sensibilisation à la maladie. Beaucoup, touchés par la même pathologie, ont suivi la tendance et se sont photographiés avec leurs poches. Toutes les photos sont regroupées par le hashtag #GetYourBellyOut.
Cette maladie qui touche près de 200 000 personnes en France, soit 1% de la population, est une inflammation de l’intestin. Les symptômes sont des douleurs abdominales particulièrement violentes et des diarrhées, qui durent parfois des mois. Les poches de stomie, qui sont visibles sur le ventre de la mannequin, peuvent être posées lors d’une opération si une ablation de la partie endommagée de l’intestin est nécessaire au maintien de la santé du patient. Ces poches récupèrent alors les selles et les urines et le patient est contraint de les vider régulièrement.
Les médecins introduisent la flore intestinale d’un donneur dans l’intestin du malade
Au même moment, des médecins français testent une piste de traitement de cette maladie peu connue et aux conséquences lourdes. Ils ont effectué des greffes fécales sur 20 patients, c’est-à-dire des transplantations de flores intestinales. Il s’agit de l’introduction dans le système digestif de la flore intestinale d’un donneur, qui est composé de microorganismes, de bactéries et même de virus peuplant naturellement l’intestin. Ces organismes sont introduits par coloscopie dans l’intestin des malades. Les médecins espèrent obtenir des résultats positifs.
Cette flore est essentielle pour le bon fonctionnement de l’organisme et a déjà été utilisée contre certaines maladies nosocomiales. Le docteur Harry Sokol, coordinateur de l’étude, a expliqué «La flore est essentielle pour notre propre physiologie. Les bactéries fabriquent un tas de métabolites qui ont un impact sur les cellules de l’intestin et les cellules immunitaires qui circulent dans l’organisme, à travers le sang.»
Les premiers résultats sont attendus pour dans 18 à 24 mois. Si l’expérimentation est une réussite, des flores sous formes de gélules sont envisagées pour faciliter la prise du traitement.