Hémorragie du post-partum : l'acide tranéxamique comme solution

Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’HPP ou hémorragie du post-partum est définie comme une hémorragie d’origine utérine avec une perte de sang dépassant 500 ml. Celle-ci survient dans les 24 heures après l’accouchement. Cette complication susceptible d’entrainer la mort de la mère touche près de 5% des femmes. 

Prévention des risques et réduction des saignements

Que ce soit pendant ou après l’accouchement, il est normal de constater une hémorragie mais limitée. Dans le cas d’une hémorragie du post-partum, une prise en charge médicale adéquate et rapide est primordiale. En effet, une importante perte de sang peut conduire à l’état de choc hypovolémique se traduisant par l’irrigation insuffisante des organes vitaux.

A l’heure actuelle, la prise en charge classique d’une hémorragie du post-partum consiste en l’administration d’oxytocine et la mise en œuvre de massage utérin. En cas de persistance de l’hémorragie, l’injection d’acide tranéxamique est recommandée. Pourtant, une étude vient de démontrer que l’administration de ce médicament dès le début des saignements permettrait de réduire la mortalité maternelle.

Cette étude a été menée sur 20 000 femmes dans 23 pays d’Asie et d’Afrique, âgées de plus de 16 ans et victimes d’hémorragie du post-partum. Le taux de mortalité maternelle chez les femmes traitées avec de l’acide tranéxamique est de 1,5% contre 1,9% chez le groupe témoin. Par ailleurs, leurs saignements ont significativement diminué comparés à celles ayant reçu un placébo.

Efficace si injection dans les 3 heures suivant les saignements

L’acide tranéxamique, substance de synthèse, fait partie des médicaments de la classe des agents antifibronylitiques. Sa propriété antihémorragique a été découverte dans les années 1950. Ce médicament agit par inhibition des activités fibrinolytiques de la plasmine. Cela permet d’empêcher ou de réduire les saignements dans des situations comme une chirurgie dentaire sur un sujet atteint de troubles de la coagulation héréditaires.

Les auteurs de cette étude d’envergure ont conclu que l’efficacité de l’acide tranéxamique est avérée si le médicament est injecté au plus tard 3 heures après le début des saignements. Cela a réduit de 34% la mortalité chez les femmes traitées, soit 89 décès contre 127 chez les autres. Passé ce délai, l’acide tranéxamique perd son efficacité.

La baisse des interventions chirurgicales pour cause de saignements constitue l’autre avantage majeur de ce médicament bon marché, soit 0,8% contre 1,3%. Ainsi, pour traiter l’hémorragie du post-partum, les auteurs de l’étude recommandent l’administration de l’acide tranéxamique en même temps que l’oxytocine à l’apparition des saignements. L’HPP représente encore 8% des décès à l’accouchement en France.