Lutte contre le paludisme : des moustiques changent de camp
Rédigé par La Rédaction , le 02 December 2015 à 15h00
Des moustiques génétiquement modifiés contre le paludisme
Avec plus d’un million de morts et plus de trois cents millions de nouveaux cas tous les ans, le paludisme est un véritable fléau. Cette maladie infectieuse se transmet par différentes espèces de moustiques. Afin d'être encore plus efficaces, les chercheurs ont mis au point des moustiques génétiquement modifiés.
Des moustiques résistant au parasite de la malaria
Le nombre des victimes du paludisme est en baisse constante sur la dernière décennie. Des stratégies variées ont été mises en œuvre, de la vulgarisation des moyens de protection à la modification de l’environnement, en passant par la distribution de médicaments à grande échelle. Toutefois, malgré le déploiement de moyens importants, les résultats sont toujours insuffisants.
Afin de lutter efficacement contre la malaria, les biologistes ont décidé d’éradiquer le mal à la source. Au lieu de chercher à développer un vaccin miracle ou un insecticide, des moustiques mâles génétiquement modifiés sont lâchés dans les zones à risque. Les chercheurs ont réussi à injecter dans leur génome une enzyme afin de les rendre résistants au paludisme.
Cette enzyme, dénommée I-Ppol, agit sur le processus de production de spermatozoïdes. Le chromosome X qui produit des femelles est découpé tandis que le chromosome Y qui produit des mâles reste intact. Cela permet de réduire la population des femelles sur la zone. En effet, seules celles-ci constituent des vecteurs de la malaria et favorisent la prolifération de la maladie.
Des moustiques porteurs d’anticorps anti-paludisme
Les biologistes Ethan Bier et Valentino Gantz ont exploré d’autres voies de recherche. Les deux chercheurs ont réussi à développer une technique ayant pour but de modifier le génome du moustique afin d’engendrer les mutations escomptées sur les deux copies d’un gène. La méthode de la Mutagenic Chain Reaction permet de transmettre le gène modifié à la quasi-totalité de la descendance.
Les chercheurs sont partis de cette technique pour injecter des gènes anti-paludisme chez les souches de moustiques qui transmettent la maladie. L’enzyme Cas9 insère à un emplacement précis de l’ADN des gènes d’anticorps provenant d'une précédente expérience sur une souris. Ces anticorps bloquent l’agent pathogène de la malaria avec un taux de réussite de 99,5%.
Cette expérience ne constitue qu’une marche dans l’éradication du paludisme. La prochaine étape consiste à créer de grandes populations de moustiques OGM. Un test grandeur nature a été mené au Brésil mais dans le cadre de la lutte contre la dengue. L’organisme en charge de la production des insectes transgéniques a rapporté une efficacité de 81% à 100%.