Pile au glucose : une révolution pour les implants cardiaques
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 02 May 2014 à 15h00
Philippe Cinquin, médecin et mathématicien et Serge Cosnier, bio-électrochimiste : finalistes du prix de l'inventeur européen 2014
Le Prix de l’Inventeur Européen de l’année aura lieu le 17 juin prochain à Berlin en Allemagne. Deux français sont actuellement en lice pour remporter un de ces prix dans la catégorie Recherche en proposant une biopile miniature fonctionnant au glucose.
La finale du Prix de l’Inventeur Européen 2014 va bientôt avoir lieu et l’Office Européen des Brevets (OEB) vient d’annoncer les noms des nominés. Parmi eux, une équipe de recherche installée dans les laboratoires de l’Université Joseph-Fournier de Grenoble tente de réaliser une source d’énergie intarissable pour les implants médicaux. À l’origine de cette trouvaille, Philippe Cinquin, médecin et mathématicien et Serge Cosnier, bio-électrochimiste.
Comment ça marche ? Dans l’absolu, ce n’est pas si compliqué. Cette biopile fonctionne grâce au glucose qu’il y a dans le sang, reprenant le concept de création d’énergie, à partir d’enzymes, du corps humain. Cette biopile a été brevetée en 2010, depuis, des essais cliniques ont été menés avec succès sur des organismes vivant sans aucune complication. La biopile est capable de produire près d’un watt de puissance par centimètre carré. Pour les chercheurs, « [cela] est suffisant pour alimenter un stimulateur cardiaque conventionnel ».
Benoît Battistelli, le président de l’OEB a fait partie des jurys délibérant avant l’accès aux finales. « Grâce aux travaux de Philippe Cinquin et de Serge Cosnier, la technologie médicale s’est rapprochée d'un de ses buts : pouvoir fournir des sources d’énergies inépuisables pour les implants », a-t-il expliqué dans un communiqué de l’organisme. Pour le président qui ne tarie pas d’éloges, « cette biopile offre la possibilité à des millions de porteurs d'implants d’éviter une chirurgie de révision, une hospitalisation et donc les risques qui y sont liés. »
Éviter les opérations de révision avec un implant inépuisable
Les stimulateurs cardiaques classiques ont été une véritable révolution dans le domaine médical. Cependant, ils disposent d’un point faible qui complique généralement les choses et peut être à l’origine de complications plus importantes encore : une durée de vie des batteries qui dépasse rarement les 8 ans. Une fois les piles vides, l’implant doit être remplacé. L’opération chirurgicale est alors obligatoire, entraînant une hospitalisation, potentiellement des complications et dans tous les cas, des coûts que l’on voudrait bien éviter (10 000 euros en moyenne par intervention).
Les deux français sont attachés pour le moment à développer leur projet sur un support médical. Ils ont néanmoins deux ou trois idées de l’usage qui peut être fait de ces piles à glucose, notamment sur les ordinateurs et les téléphones portables. De belles perspectives de croissance soutenues par les récentes annonces de l’OEB : le marché mondial des implants microélectroniques médicaux s’élève actuellement à 11,1 milliards d’euros. En 2016, il devrait atteindre les 17,9 milliards.