Eskétamine, un traitement prometteur contre la dépression
Rédigé par La Rédaction , le 01 March 2018 à 12h38
L'Eskétamine, une solution contre la dépression?
D’ici 2020, la dépression constituera la deuxième cause d’incapacité dans le monde d’après l’Organisation Mondiale de la Santé. Cette maladie touche près de 350 millions de personnes sans distinction d’âge, d’activité ou de niveau de vie. Pourtant, 30% des patients souffrant de dépression sévère ne répondent plus aux antidépresseurs conventionnels.
Eskétamine, une action différente pour une meilleure efficacité
A l’heure actuelle, la psychiatrie est le parent pauvre de la recherche médicale comme l’ont été les antibiotiques une décennie plus tôt. Les traitements classiques de la dépression sont quasiment restés les mêmes depuis les années 1950. De même, leurs mécanismes d’action se ressemblent. Ces molécules ont les mêmes cibles dans le cerveau comme la sérotonine et la noradrénaline.
L’eskétamine, version « antidépresseur » de la kétamine, a un mécanisme d’action différent. Elle cible les récepteurs NMDA du glutamate qui est le neurotransmetteur excitateur le plus important du système nerveux central. Ce mode d’action lui confère rapidité antidépressive et puissance. Elle agit en seulement quelques heures contre quatre à six semaines pour les autres molécules disponibles aujourd’hui.
De plus, l’eskétamine est efficace à 70% sur les patients atteints de dépression résistante, des personnes insensibles à deux traitements ou plus administrés pendant une durée minimale de six semaines. Par ailleurs, elle permet d’éliminer beaucoup plus vite les idées suicidaires. En moins de 24 heures, près de 80% des malades n’ont plus de pensées suicidaires.
Eskétamine, une action rapide et puissante mais non permanente
La kétamine a été découverte dans les années 1960 et utilisée à l’origine comme anesthésique, notamment dans les anesthésies de courte durée en pédiatrie. Puis, elle a été détournée de son usage pour être utilisée comme drogue à visée récréative à cause de ses effets hallucinogènes. Par contre, ses effets antidépresseurs n’ont été identifiés que trois décennies plus tard.
Les résultats des diverses expérimentations réalisées à ce jour ont démontré une action rapide et puissante de l’eskétamine contre la dépression sévère et la dépression résistante. Toutefois, ses effets ne sont pas permanents. Ils disparaissent au bout de quelques jours. Les chercheurs se posent aussi des questions sur les effets secondaires psychotiques d’un traitement à base de cette molécule.
Pour l’heure, l’usage de l’eskétamine en psychiatrie est restreint à deux situations précises. La première concerne les sujets dépressifs présentant un risque suicidaire élevé. La seconde entre dans le cadre d’une électro-convulsivothérapie. Des études plus poussées sont indispensables afin de déterminer la tolérance à long terme même si elle est mieux tolérée que les traitements chimiques.