Mucoviscidose, en vie sans poumons pendant six jours

La mucoviscidose affecte le fonctionnement des poumons et provoque une insuffisance respiratoire. Malgré une amélioration de l’espérance de vie pour les malades sur les cinq dernières décennies, une greffe pulmonaire reste indispensable. D’ailleurs, le nombre de transplantations liées à cette maladie a été multiplié par six en seize ans

Une procédure risquée pour des progrès extraordinaires

Avec la broncho-pneumopathie chronique obstructive, la fibrose pulmonaire et l’hypertension artérielle pulmonaire, la mucoviscidose figure parmi les principales indications de la greffe de poumons. Le délai d’attente pour une transplantation demeure pourtant long dû au manque de greffons sains. Près de 85% des poumons prélevés ne peuvent être greffés à cause d’infections sous-jacentes ou de problèmes lors du bilan pré-greffe.

Pour les patients atteints de mucoviscidose, la donne est encore plus complexe. Les infections pulmonaires consécutives à cette maladie génétique représentent une contre-indication à une greffe pulmonaire. Pour la lever, des médecins de l’Hôpital Général de Toronto ont tenté une procédure délicate. Ils ont enlevé les deux poumons d’une patiente et l’ont maintenue en vie durant six jours en attendant la greffe.

Pendant ces six jours, la patiente s’est vu transplanter un poumon artificiel, un cœur artificiel ainsi qu’un rein artificiel. Ensuite, elle a été raccordée à plusieurs machines. Le double objectif des médecins a été d’éliminer le principal foyer des infections et d’améliorer son état général afin d’être capable de supporter la greffe.

Une expérience réussie et un espoir pour d’autres malades

Pour l’heure, les différentes interventions réalisées sur cette canadienne de 33 ans constituent un cas expérimental. Son opération de pneumectomie a duré neuf longues heures et a mobilisé une équipe médicale composée de treize personnes dont trois chirurgiens thoraciques. Quant à la greffe pulmonaire, la procédure a été facilitée par les préparatifs réalisés lors de la première intervention.

A l’heure actuelle, la patiente est retournée vivre à son domicile et se porte très bien. Ses deux nouveaux poumons fonctionnent normalement. De plus, elle ne présente aucune différence avec un transplanté sans complications avec une espérance de vie identique. Elle est en phase de rééducation. Cela suscite un réel espoir chez les médecins et les autres malades se trouvant dans le même cas.

Afin de parfaire cette procédure complexe, l’équipe qui a réussi cette prouesse médicale est en train d’étudier les éventuelles erreurs commises et la possibilité de la reproduire. De même, ils évaluent les différents critères d’éligibilité. Tous les malades de la mucoviscidose ne peuvent en effet être candidats à cette procédure avant transplantation.