Bouleversement pour les muets : VocaliD leur redonne une voix

Après les donneurs d’organes, les donneurs de voix. Deux chercheurs américains ont mis au point une technologie pour apporter une voix à des muets à partir de celles d’autres personnes. Ils espèrent démocratiser cette pratique en créant une application mobile pour prêter sa voix.

« Maman » : un mot tellement commun ? Pas quand c’est une fille de 13 ans muette qui le dit pour la première fois. Vous ne suivez plus ? Une muette qui parle… Et pourtant, deux chercheurs américains ont mis au point un logiciel afin de redonner la voix à ceux qui en ont été privés.

Les donneurs de voix essentiels pour la technologie VocaliD

Muet de naissances ou après une maladie, les raisons d’une aphonie constante se multiplient : AVC, cancers de la gorge, et même Parkinson ! La voix représente pourtant un véritable trait de la personnalité de chacun : l’accent indique l’origine géographique, le vocabulaire est un marqueur social et culturel,  le timbre même révèle le sexe, l’état de santé ou d’esprit ainsi que ses intentions. Cette voix peut transmettre toutes nos sentiments en un nombre de mots réduits.

Rupal Patel, de la Northeastern University de Boston, et Tim Bunnel, de l’hôpital pour enfants Alfred I. du Pont de Wilmington mettent alors en place le projet VocaliD pour aider ces personnes à retrouver leur voix, et à communiquer avec leur entourage. C’est ainsi que débute l’ère des donneurs, oui des donneurs de voix.

Première étape, les scientifiques estiment le timbre de voix de leur patient selon les quelques sons qu’il peut émettre (pour les personnes non muettes à l’origine). Toute une recherche s’en suit puisqu’il s’agit de trouver une personne du même âge et même sexe, et surtout qui a une voix ressemblante. On lui donne alors le micro. Le donneur vient dans des studios d’enregistrement pendant plusieurs heures, et lit des histoires ou des extraits d’œuvres littéraires tels que Croc-Blanc ou le Magicien d’Oz. Tim Bunnel et Rupal Patel ont pu constater qu’il faut un minimum de 800 mots pour aboutir à un résultat convenable, et 3000 afin d’obtenir une sonorité naturelle.

Des voix toujours robotiques, le logiciel doit être amélioré

La masse de sons doit s’adapter sur le patient. Pour ce, il faut qu’une prothèse vocale soit apposée à la personne (quasi) muette, le logiciel fait le reste. Il mélange les sons à l’aide d’un ordinateur : tous les propos sont découpés, même une voyelle peut être divisée afin de recomposer une multiplicité de sons. Quelques ajustements accompagnent même cette technologie, pour que la voix ressemble d’autant plus à celle d’origine.

Le célèbre physicien britannique Stephen Hawking est presque devenu l’égérie de cette incroyable innovation. Connu pour son travail sur la cosmologie et les trous noirs, il est atteint d’une sclérose en plaque amyotrophique. Cette maladie neuromotrice l’a rendu presque muet. Il réussit à parler grâce à sa prothèse vocale et à VocaliD, mais s’exprime encore de manière très robotique.

Les résultats sont donc très encourageants pour Tim Bunnel et Rupal Patel, mais doivent encore être largement améliorés. Ils regrettent pour le moment ne pas obtenir la fluidité et la tonalité de la voix si propre à chacun.

Le principal problème de leur étude est la recherche de personnes ayant une voix correspondant à celle de leurs patients. Cela prend un temps monstre et les empêche de travailler sur l’amélioration du logiciel. Craignant également de ne plus trouver de donneurs au bout d’un certain moment, ils ont réfléchi à un moyen moins contraignant pour prêter sa voix. Une application pour smartphone pourrait alors être bientôt accessible afin de recueillir des milliers de voix à travers le monde.