Handicaps physiques : des actions locales pour une réaction nationale
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 19 March 2014 à 16h50
La question de l'accessibilité fait toujours débat au sein de la société.
La semaine dernière a eu lieu la Semaine Nationale des Personnes Handicapées Physiques (la SNPHP), l'occasion était donnée aux associations qui soutiennent cette cause de se faire entendre au niveau national. Cette année a entre autre été marquée par l'engagement local, à la manière du "agir local, penser global".
Du 10 au 16 mars a eu lieu la Semaine Nationale des Personnes Handicapées Physiques. L’occasion pour un certain nombre d’associations de faire une campagne de levé de fond à destination des actions locales et des projets de vie des personnes en situation de handicap physiques. Parmi elles, l’Association des Paralysés de France (l’APF) et l’Ordre de Malte, deux associations connues du grand public, ont pu réaliser des évènements tout du long de la semaine pour faire rencontrer deux mondes qui souvent se côtoient mais rarement se mélangent.
Opération sensibilisation
Le but premier de cette semaine était de sensibiliser la population dans son ensemble aux questions relatives au handicap comme l’accessibilité, l’autonomie ou encore l’indépendance des personnes handicapées physiques. « On a l’impression que comme il existe déjà des places de parking pour personnes handicapées, des ascenseurs et des rampes d’accès dans les transports en commun, tout est déjà fait. Or il y a beaucoup de choses qui restent encore à développer » nous explique ainsi Anaïs Boisselet, directrice de la communication au sein de l’Ordre de Malte France.
Pour ce dernier, l’action a essentiellement été axée sur l’initiative locale. Ainsi, les Maisons d’accueil spécialisées de l’Ordre ont ouvert leur porte et ont convié des écoles, des collèges ainsi que toutes les personnes qui étaient intéressées à venir rencontrer un monde qu’ils n’auraient pas forcément eu l’occasion de croiser au quotidien. Débats, pièce de théâtre, expositions ont ainsi été proposées par les résidents au grand public. L’Ordre de Malte a par ailleurs organisé la cinquième édition de Sport Auto et Handicap qui s’est déroulé sur le circuit de Montlhéry dans l’Essonne (91). L’évènement a réuni plus de 120 pilotes, amateur de vieilles voitures courses, qui ont proposé aux personnes handicapées de monter dans leur bolides pour partager avec eux un certain nombre de sensations. Cela s’est dérouler sur l’ensemble de la journée où près de 500 personnes se sont retrouvées sur le circuit dans une ambiance assez exceptionnelle.
Du côté de l’Association des Paralysés de France, les activités ont aussi été centrées sur l’échange local entre personnes handicapées physiques et valides. À ce titre, l’APF proposait dans les Landes par l’intermédiaire de son antenne locale, un défilé de mode handi-valide. De nombreux stands ont par ailleurs été dressés partout sur le territoire pour organiser des ventes de produits et des quêtes afin de financer les activités de la délégation. « Il s’agit des activités de loisir et des petits séjours de vacance d’une part, mais cela peut être aussi la formation de personnes handicapées pour apprendre à représenter leurs pairs dans des commissions communales d’accessibilité » nous précise Christine Bourrut-Lacouture, directrice déléguée au développement des ressources de l’APF. Les missions de sensibilisation, dans les écoles ou bien les entreprises font aussi parties des activités de l’association.
L'accessibilité, réponse à l'isolement
Le constat partagé par de nombreuses associations, l’APF et l’Ordre de Malte au premier plan, est le manque de visibilité de leur combat. Comment sensibiliser au handicap des gens qui ne sont pas (et qui ne souhaitent pas être) concernés au premier plan ? L’idée qui est partagée par toutes les associations serait de faire rencontrer les personnes valides et les personnes handicapées plus souvent.
Pour Anaïs Boisselet, partager ne serait-ce qu’une journée pour se rendre compte des complications auxquelles les personnes handicapées sont confrontées serrait formateur pour n’importe quel valide qui ne comprendrait pas le mot accessibilité. On pourrait « Les mettre dans un fauteuil roulant par exemple - même si il existe des handicaps très différents – et les faire se promener dans Paris pour comprendre les difficultés qu’on peut avoir quand on est handicapé » explique la jeune femme.
Le second objectif de cette semaine, et non des moindres, était d’organiser une collecte de fond sur l’ensemble du territoire pour pouvoir financer le développement des projets de proximité. Des fonds d’autant plus nécessaire qu’ils aident les associations à lutter contre l’exclusion et l’isolement dont les personnes handicapées peuvent être sujets. Cela concerne aussi la question de l'accessibilité. De fait, le retard engrangé au cours des ans en terme d'accessibilité participe à l'exclusion des personnes en situation de handicap physique. L'APF poursuit actuellement ce combat, notamment contre le repport de 10 ans dans les objectifs de mise en accessibilité des lieux ouverts au public, initialement prévu pour 2015. Christine Bourrut-Lacouture tempère heureusement ce constat pour le moins navrant : « Plus le grand public côtoiera dans toutes les situations de la vie des personnes en situation de handicap, plus la sensibilisation se fera spontanément ».
En attendant, nous pouvons encore compter sur les initiatives locales comme à Paris où la maison d'accueil spécialisée Saint Jean de Malte a réuni les résidents autour du projet "AccesLib' ". Ils ont fait le tour de la capitale pour relever les zones et les lieux (notamment culturel) les plus accessibles. C'est l'impact de ces petits projet qui, cummulés les uns aux autres, font la force des causes nationales.