Un nez lui pousse dans le dos
Rédigé par Marie Penavayre , le 17 July 2014 à 12h29
Huit ans après l’injection dans sa colonne vertébrale de cellules souches provenant de sa muqueuse nasale, une américaine paraplégique s’est vue dotée d’une excroissance de 3 cm dans le dos…
Un traitement expérimental très ambitieux
La colonne vertébrale brisée suite à un accident, une jeune américaine s’est vue proposer une opération pour le moins audacieuse... L’équipe médicale de l’hôpital Egas Moniz de Lisbonne lui a prélevé un extrait de sa muqueuse nasale, afin de lui en injecter au niveau d’une vertèbre lésée. Le tissu prélevé contenant des cellules souches de neurones et d’autres cellules participant à la croissance des fibres nerveuses, les médecins s’attendaient à voir se développer des cellules neurales capables de régénérer les voies nerveuses endommagées.
Un nez parfaitement désorganisé s’était développé sur la colonne vertébrale de la jeune femme
Souffrant depuis un an de douleurs croissantes dans le dos, la jeune femme retourne à l’hôpital américain qui l’avait prise en charge après l’accident. Huit ans ont passé depuis sa greffe et les douleurs sont de plus en plus vives. Et pour cause : une excroissance de 3 centimètres de long, contenant des muqueuses respiratoires, des cellules nerveuses et des fragments d’os était apparue sur sa moelle épinière. Cet amas fibreux sécrétait même une substance épaisse ressemblant au mucus nasal.
Un évènement indésirable inouï et heureusement bénin, qui aurait pu être évité si l’équipe médicale avait pris soin de filtrer leur échantillon en conservant uniquement les cellules capables de régénérer le tissu nerveux.
Au cours de ces dernières années, les thérapies à base de cellules souches ont fait l’objet de nombreuses controverses : les résultats sont bien souvent imprévisibles et incontrôlables. Ce cas unique au monde ne renforce donc pas les espoirs de la communauté scientifique dans le recours des cellules souches à des fins thérapeutiques, mais il n’en constitue pas moins une leçon pour tenter d'éclairer leur mode de fonctionnement.