Une prothèse sensible pour changer la vie des amputés
Rédigé par Charlotte Canonne , le 09 June 2015 à 11h30
Une prothèse sensible pour changer la vie des amputés - Crédit : Samuel Kubani AFP
Heureuse nouvelle pour toutes les personnes amputées. La technologie et l’avancée médicale ont encore frappé ! C’est un Autrichien qui bénéficie de cette première mondiale. Il y a six mois, l’homme de 54 ans s’est fait implanter une prothèse recréant la sensibilité de la jambe qu’il a perdue. Cette nouvelle technologie relance l’espoir de stopper les douleurs fantômes dont souffrent beaucoup les personnes amputées.
Une prothèse sensible qui permet de refaire du sport
Wolfgang Rangger, un enseignant autrichien de 54 ans s’est fait amputé à partir du genou en 2007 suite aux complications d’un AVC. C’est le premier homme à disposer d’une prothèse révolutionnaire : elle permet de retrouver une sensibilité au niveau du membre perdu. « J’ai l’impression d’avoir de nouveau un pied » témoigne Wolfgang, « Je ne glisse plus sur la glace, je ressens la différence quand je marche sur du gravier, le béton, l’herbe ou le sable. Je sens même les petits cailloux. »
Opéré il y a six mois par le professeur Hubert Egger de l’Université de Linz (Autriche), Wolfgang Rangger peut de nouveau courir, faire du vélo et même de l’escalade. On perçoit à peine son boitement lorsqu’il se déplace.
La prothèse est reliée au cerveau
Si cette prothèse permet de retrouver toutes sortes de sensation, cela est dû à l’association des déplacements de faisceaux de nerfs et la mise en œuvre de capteurs sur une prothèse connectée. Pour Wolgang, les médecins ont récupéré les terminaisons nerveuses du centre du moignon pour les dévier à la surface de la cuisse, à l’endroit qui sera en contact avec le haut de la prothèse.
La jambe artificielle quant à elle, dispose de capteurs situés sous la plante du pied, eux-mêmes reliés à d’autres cellules appelées stimulateurs qui entrent en contact avec le moignon. L’information circulant à travers les capteurs et les stimulateurs permet de reproduire la sensation du membre perdu.
Le professeur Egger explique : « Sur un pied en bonne santé, ce sont des récepteurs sur la peau qui remplissent cette fonction. Chez un amputé, ils manquent, bien sûr. Mais les transmetteurs d’information que sont les nerfs continuent d’exister. Il suffit de les stimuler ». En 2010, le médecin avait innové en présentant, pour la première fois, une prothèse de bras contrôlée uniquement par la pensée.
Dire adieu aux douleurs fantômes
Cette prothèse offre un avantage de taille : en quelques jours à peine, elle a mis fin aux douleurs fantômes parfois insoutenables que Wolfgang avait dû supporter pendant des années. « Avec ma prothèse conventionnelle, j’arrivais à peine à marcher. Je ne dormais pas plus de deux heures par nuit et j’avais besoin de morphine pour tenir le coup dans la journée » explique-t-il.
Les douleurs fantômes sont des sensations de souffrance au niveau du membre perdu. Ce phénomène découle de l’hyper-sensibilité qui se développe dans le cerveau suite à la recherche constante du membre amputé.
Cette prothèse devrait permettre à beaucoup d’amputés de retrouver une vie normale. Le coût de l’équipement se situerait entre 10 000 et 30 000 euros. Même si son industrialisation serait déjà possible, l’équipe de l’Université de Linz attend de collecter tous les résultats du premier patient.