Autisme: l'ocytocine et le chlore, acteurs du déclenchement de la maladie
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 07 February 2014 à 08h10
Une équipe de recherche française a découvert que le taux de chlore dans les neurones est un vecteur essentiel dans l'apparition de l'autisme. L'ocytocine, plus connue sous le nom d'hormone d'accouchement, est la molécule qui agit directement sur ce taux. En l'absence de celle-ci, le niveau de chlore reste stable et empêche donc le bon développement du cerveau.
Une équipe de scientifiques menée par le docteur Lemonnier et le neurobiologiste Yehezkel Ben-Ari de l'Inserm a fait un bon en avant dans la compréhension du fonctionnement de l'autisme. Dans leur étude à paraitre aujourd'hui dans la revue Science, les chercheurs ont démontré le rôle capital du chlore et de l'ocytocine, aussi connu sous le nom d'hormone de l'accouchement, dans l'installation de la maladie.
Le chlore et l'ocytocine
Le chlore a la particularité d'être présent de manière importante dans les neurones lors de la phase embryonnaire. Durant cette dernière, le chlore joue un rôle auprès des récepteurs GABA qui participent alors activement au développement du cerveau. Une fois l'accouchement passé, le taux de chlore diminue progressivement jusqu'à modifier la fonction du GABA. Ce dernier devient un neurotransmetteur inhibiteur, c'est-à-dire qu'il diminue l'excitabilité des neurones afin de réguler l'activité du cerveau.
Or, cette modification du taux de chlore intervient grâce à l'hormone de l'accouchement : l'ocytocine. Si cette dernière n'est pas présente au bon moment dans l'organisme, celui-ci ne diminue plus son taux de chlore. Pour les chercheurs, il ne fait aucun doute que ce dysfonctionnement dans le processus de développement du cerveau est à l'origine de l'autisme.
L'étude a été menée sur trois groupes de souris. Le premier était atteint du syndrome X fragile, une mutation génétique liée à l'autisme. Le second groupe de souris a été contaminé par du Valproate de sodium, cause de nombreuses malformations dont des syndromes liés à l'autisme. Le troisième groupe, non moins important, a servi de témoin.
Des résultats qui confirment l'hypothèse
En observant précisément le taux de chlore lors de la phase embryonnaire et après l'accouchement, les chercheurs se sont rendu compte que celui-ci n'avait pas bougé. Aucune modification n'a été constatée, les deux groupes testes étant frappés d'autisme."Les taux de chlore pendant l'accouchement sont déterminants dans l'apparition du syndrome autistique a ainsi expliqué le neurobiologiste.
En 2012, des essais cliniques avaient permis aux scientifiques de faire l'hypothèse d'un lien entre chlore et autisme. À l'aide d'un diurétique (qui a la particularité de réduire le taux de chlore dans les neurones), les chercheurs avaient obtenu des résultats engageants auprès de leurs sujets, mais la preuve devait être faite de la présence de chlore dans d'importantes quantités.
Ces derniers résultats confirment l'hypothèse des scientifiques. Le chlore joue bien un rôle dans plusieurs pathologies cérébrales comme l'épilepsie infantile, mais c'est la première fois qu'on reconnait sa participation dans l'apparition de l'autisme. "Ces données valident notre stratégie thérapeutique et suggèrent que l'ocytocine agissant sur les taux de chlore pendant la naissance module ou contrôle l'expression du syndrome autistique" s'est ravi Yehezkel Ben-Ari.