Main bionique : un amputé retrouve le sens du toucher
Rédigé par Anthony Laforce , le 06 February 2014 à 15h30
Pari réussi pour les chercheurs, la prothèse transmet directement les informations enregistrées aux nerfs du patient. Une grande première !
À l’hôpital Gemelli de Rome, en Italie, un Danois de 36 ans, Dennis Aabo Sorensen, a pu être le premier patient à recevoir une main bionique nouvelle génération élaborée par des chercheurs suisses, allemands et italiens. Suite à une explosion en manipulant des feux d’artifice, l’homme avait dû être amputé du bras gauche neuf ans auparavant.
«J’ai pu ressentir des sensations que je n’avais plus ressenties depuis neuf ans»
La revue américaine Science Translational Medicine a publié les résultats de ce test clinique mercredi. Les yeux bandés et des boules Quiès dans les oreilles, le patient devait lors de ce test reconnaître des objets et leur matière avec son seul sens du toucher. Pari réussi ! « J’ai pu ressentir des sensations que je n’avais plus ressenti depuis neuf ans » a expliqué le patient, précisant que la réponse sensorielle de la prothèse était « vraiment incroyable ».
Cette main bionique est munie de capteurs reliés directement aux nerfs du bras. Elle est capable de transformer en impulsions électriques les informations transmises lorsque le patient touche ou manipule quelque chose. Trois semaines de tests ont été nécessaires pour parvenir à ces résultats. Même si, selon la législation Européenne sur les essais cliniques, les capteurs du bras du patient ont dû être retirés, les chercheurs assurent que leur utilisation, même sur plusieurs années, n’engendrerait aucun dommage pour les nerfs périphériques.
Stanisa Raspopovic, impliqué dans les recherches menées pour créer cette prothèse a déclaré à l’AFP que « tout dépendra des prochains essais cliniques » mais que la commercialisation pourrait être possible « dans 5 ans au plus tôt et 15 ans au plus tard ».
Des avancées bluffantes
D’ici là, les chercheurs souhaitent encore améliorer leur prothèse notamment pour affiner le toucher et le ressenti du patient lorsqu’il manipule quelque chose. Cette première biomédicale laisse envisager de nombreux espoirs pour l’avenir des prothèses. On pourra ainsi un jour restituer entièrement un membre, son usage mais également ses sensations.
Cela ne vous rappelle rien ? Les imprimantes 3D, le crayon qui répare les os : la technologie biomédicale avance rapidement et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Outre les débats idéologiques que cela engendre sur la modification de l’être-humain et de son essence, on ne peut qu’être bluffé des progrès d’une science qui, dans un avenir proche maintenant, sauvera plus de vies mais aidera aussi beaucoup de personnes à soulager leur quotidien suite à un accident ou à une maladie.