Paralysie : après quatre ans en enfer, cette jeune fille remarche
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 04 April 2014 à 11h30
Les exosquelettes permettent d'assurer les fonctions neuromusculaires du corps à la place de ce dernier.
Depuis près de quatre ans maintenant, Amy Paradis lutte chaque jour pour pouvoir remarcher. Une société californienne a mis au point un exosquelette qui a permis à la jeune femme de tenir cette promesse faite à elle-même et à ses proches.
La fin du cauchemar
Voilà quatre ans qu’elle ne pouvait plus marcher. Les médecins avaient été clairs, Amy Paradis passerait le reste de sa vie dans un fauteuil roulant. À la suite d’un accident de la route, cette jeune canadienne de 20 ans s’est retrouvée paralyser, la partie supérieure de sa colonne vertébrale ayant été écrasée au moment de l'impact.
Le 24 mars dernier, ce qui était un cauchemar prend fin. En effet, grâce aux progrès de la science et à l’ingénierie de la société californienne Ekso Bionics Amy a pu de nouveau marcher. Elle aura fait en tout 366 pas, sans s’arrêter mais en prenant plusieurs heures. Fatiguée psychologiquement et éreintée à la fin de la séance, la jeune femme n’en est pas moins heureuse : « Je n’ai pas de mots pour exprimer ce que j’ai ressenti ce jour-là. J’étais abasourdie » explique-t-elle aux médias canadiens une fois rentrée chez elle.
Abasourdie parce que marcher ne devait plus se produire. Amy Paradis avait toujours promis à ses parents, ses proches et elle-même qu’elle remarcherait un jour, mais rien n'était moins sûr. La tenue bionique qu’elle portait ce jour-là lui a permis de tenir cette promesse. Développée initialement dans les laboratoires de l’Université de Berkeley en Californie, cet exosquelette avait été conçu pour l’armée américaine (cette dernière ayant des parts dans la société Ekso Bionics) pour permettre à ses soldats de porter de lourdes charges sur de longues distances. Le projet a ensuite été développé pour le civil. Il existe aujourd’hui 75 exemplaires de cette tenue dans le monde, dont deux au Canada.
Un exosquelette intelligent
Le costume bionique pèse dans les 20 kilos et est alimenté par des batteries au lithium lui conférant trois heures d’autonomie. Des moteurs situés de part et d’autre des hanches et des genoux permettent de reproduire le mouvement de la marche. Mieux encore, des capteurs disposés sur le corps permettent d’anticiper les actions souhaitées par celui qui endosse le costume. Le micro-ordinateur incorporé dans le costume analyse les gestes de la personne grâce aux capteurs. Ce dernier doit comprendre alors les intentions de l’utilisateur. L’Ekso se fait donc le relais des fonctions neuromusculaires du malade. Lorsque ce dernier se penche en avant par exemple, l’exosquelette s’exécute et accompagne le mouvement.
Coutant la modique somme de 100 000 dollars (quelques 70 000 euros), la communauté de Windsor au Canada, ville d’origine de la jeune femme, s'est mobilisée en l'honneur de la jeune femme. La ville a organisé des collectes de fonds, des repas de charités et des ventes de vêtements pour réunir l’argent nécessaire à l’achat de l’exosquelette. Ce prix élevé et notamment justifié par son mode de distribution. Ekso Bionics dispose en effet un réseau de partenaires réunissant une cinquantaine de centres médicaux à travers le monde. Le personnel de ces centres est formé spécifiquement pour accompagner les patients dans leur apprentissage au maniement de l’exosquelette ce qui nécessite un important investissement de base.
Aujourd’hui, la femme bionique ne veut plus s’asseoir. Elle veut marcher, seule, sans tout cet attirail. Elle souhaite pouvoir courir. Mais les choses se font pas à pas, 366 pour commencer.