L'autisme, des décennies de retard en matière de prise en charge

Classé parmi les troubles envahissants du développement ou TED, l’autisme est un trouble neuro-développemental complexe. Provoqué par un dysfonctionnement neurobiologique, il influe sur les capacités de communication et d’interaction sociale. La France accuse encore d’importants retards en matière de prise en charge de cette pathologie comparée aux autres pays. 

Un problème de diagnostic et de fondement de traitement

Avec l’annonce du Plan autisme 2013-2017, la France semblait être en avance mais seulement en apparence. La réalité est tout autre pour les patients souffrant de trouble autistique et leurs familles. Concernant le diagnostic, certains parents sont contraints d’attendre entre 5 et 10 ans avant l’établissement d’un diagnostic précis. Or, la précocité d’une prise en charge adaptée est primordiale pour l’intégration de l’enfant.

Un autre problème de fond concerne le fondement des traitements de l’autisme. Durant les quatre dernières décennies, l’approche psychanalytique prédomine en France. Celle-ci accapare les moyens sans pour autant donner de résultats satisfaisants. Pourtant, la Haute Autorité de Santé a émis des recommandations pour son abandon et l’adoption des approches comportementales et éducatives.

D’ailleurs, cette approche a déjà été abandonnée dans quasiment le monde entier. L’imagerie médicale du cerveau a montré chez les patients des anomalies au niveau des régions affectées à la cognition sociale et au langage. De même, les spécialistes en biologie moléculaire ont mis en évidence l’altération de plusieurs gènes spécifiques qui conduit à une susceptibilité élevée au trouble autistique.

Des besoins mal identifiés et des moyens insuffisants

Malgré les rapports du Conseil économique et social, du Comité national d’éthique et d’autres organismes, la prise en charge du trouble autistique en France n’a pas véritablement évolué. Il est essentiel de procéder à une analyse des besoins réels. Pour preuve, le Plan Autisme 2013-2017 fait de la scolarisation une priorité. Toutefois, il n’est prévu que 700 nouvelles places en maternelle contre 8 000 naissances d’enfants autistes chaque année.

A cela s’ajoute le non remboursement par la Sécurité sociale des soins comportementaux et éducatifs nécessaires. Ces soins comprennent par exemple les séances de pédopsychiatrie, de psychologie, d’ergothérapie, de psychomotricité fine … Leurs coûts par mois s’élèvent entre 2 000 et 3 000 euros. Cependant, seules les séances d’orthophonie sont prises en charge.

Dans son manifeste à remettre aux pouvoirs, l’association SOS Autisme France pointe aussi du doigt l’absence d’un organisme de contrôle et de surveillance du travail des psychologues et des structures assurant la prise en charge des autistes. Il est indispensable qu’ils respectent les différentes recommandations de la Haute Autorité de Santé.