Enfants : le plan anti-tabac veut créer la première génération de non-fumeurs
Rédigé par Laure Hanggi , le 25 September 2014 à 17h15
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté ce jeudi 25 septembre le plan anti-tabac élaboré par le gouvernement. L'occasion de revenir sur l'un des 3 axes de ce plan, plus particulièrement relatif à la protection des jeunes.
S’attaquer de front au tabagisme
« J'ai choisi mon camp, celui de la santé publique… C'est un moment important de la lutte contre le tabac » a déclaré Marisol Touraine. Le « Plan national de réduction du tabagisme », souhaité par le Président de la République lors du lancement du 3ème Plan Cancer en février, marque un engagement fort de la part du gouvernement. Le gouvernement s’est ainsi fixé un triple objectif en ce qui concerne la lutte contre le tabagisme : « diminuer de 10 % le nombre de fumeurs dans les 5 ans, passer sous la barre des 20 % dans 10 ans et faire que dans moins de 20 ans, les enfants qui naissent aujourd’hui soient la première génération de non-fumeurs. » Ces 3 objectifs se basent sur 3 axes d’intervention, dont le premier concerne les jeunes. En effet, au-delà de l’action sur l’économie du tabac et des moyens mis en place pour aider les fumeurs à arrêter, il faut s’attaquer à la base du problème en protégeant les plus jeunes.
Une barrière entre les jeunes et le tabagisme
« En France 13 millions d'adultes fument quotidiennement, et la situation s'aggrave. Le nombre de fumeurs augmente, surtout chez les jeunes (…) alors même que, depuis 40 ans, la législation n'a cessé de se durcir contre le tabac », affirme la ministre. Quatre mesures sont ainsi prévues pour endiguer le développement de cette situation. Celle dont on parle le plus, c’est le changement de « look » des paquets de cigarettes, qui vont désormais avoir une apparence neutre pour « les rendre moins attractifs. » Le vapotage sera également plus strictement réglementé. Dans un but préventif, il est prévu de l’interdire dans certains lieux publics ou établissements accueillant des mineurs (écoles notamment), comme c’est déjà le cas dans d’autres pays, afin de suivre les préconisations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le ministère de la Santé précise quand même : « Il ne faut pas confondre cigarette et cigarette électronique : il vaut mieux vapoter que fumer. Tout ce qui peut aider les fumeurs à arrêter est bon à prendre, y compris la cigarette électronique. Mais, pour un jeune qui n'a jamais fumé, la cigarette électronique peut devenir une porte d'entrée vers le tabagisme ». En effet, les jeunes utilisant la cigarette électronique ont deux fois plus de risques que les autres de passer au tabac, selon une récente étude nord-américaine.
Lutter contre le tabagisme passif
Ce plan, et ces mesures en particulier, ont aussi pour but de venir à bout du tabagisme passif. En France, 73 000 personnes meurent chaque année du tabagisme. Or, seulement 30 % de ces victimes étaient des fumeurs. Le tabac est ainsi la première cause de décès qui pourrait être éviter, selon le ministère de la Santé.
Pour limiter et enrayer ce fléau, le tabac sera proscrit dans les espaces de jeux pour enfants, et dans les voitures transportant des enfants de moins de 12 ans. Ces mesures sont « destinées à limiter l’exposition des enfants au tabagisme passif et à débanaliser la consommation de cigarettes aux yeux des enfants », déclare Marisol Touraine. En ce qui concerne l’interdiction en voiture, cette mesure est déjà appliquée, entre autres, au Royaume-Uni, en Australie, aux États-Unis et au Canada. « L’espace est confiné et les enfants, déjà vulnérables, sont particulièrement exposés au tabagisme passif. La concentration de particules fines est 10 fois plus élevée sur les sièges arrière des véhicules « fumeur », et dépasse de plus de 3 fois le seuil moyen admis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) » affirme la ministre. Bien que la sanction encourue ne soit pas précisée, sachez que, comme le notait le Figaro en octobre 2012, la concentration de particules fines est 11 fois plus élevée que dans un bar enfumé quand on fume dans une voiture. Les hospitalisations chez les enfants victimes du tabagisme passif sont beaucoup plus fréquentes, notamment pour causes respiratoires (asthme), mais aussi cardiaques et ORL.
Ces mesures, importantes pour la santé publique, devraient être intégrées dans le projet de loi santé devant être prochainement présenté au Conseil des Ministres, ou mises en œuvre par décret.