Lait pour bébés : un taux d'aluminium supérieur à la norme décelé
Rédigé par Clémentine Billé , le 24 February 2014 à 17h07
Des employées déversent de la poudre de lait pour bébés contaminée. Le lait trop fort en aluminium connaîtra-t-il le même sort ?
Le magazine 60 millions de consommateurs a publié dans son numéro du mois de mars une étude sur les laits infantiles. Le taux d’aluminium est largement supérieur à la norme française. Négligence des industriels ou manque de réglementation : à qui la faute ?
Démence, maladie d’Alzheimer : des rumeurs aux constats, la panique fuse autour de l’aluminium. De multiples études montrent qu’une dose trop importante de cette substance provoquerait des troubles psychomoteurs chez l'adulte, ce qui inquiète pour le cas de l'enfant. Une recherche britannique dénonce cette fois-ci la présence du métal en quantité supérieure à la norme dans les laits pour nourissons. Le magazine 60 millions de consommateurs a voulu en savoir plus, et publie dans son prochain numéro une enquête, confirmant ces révélations.
Une surdose d’aluminium due à l’emballage
Pendant l'étude, 47 produits ont été analysés. 38 étaient des laits en poudre destinés aux premier et deuxième âges, tandis que les neuf autres étaient des laits de croissance. Pour ces derniers, RAS : aucune trace d’aluminium en vue. En revanche, les laits destinés au premier âge contiennent 30% d’aluminium en plus de la norme autorisée et 2 échantillons sur 3 en contiennent pour le 2ème âge.
Ainsi, une première conclusion est possible : la trop forte présence de l’aluminium n’est pas liée à la composition même du lait, mais à celle de l'emballage et aux conditions de stockage. Aspect rassurant pour parents et producteurs, les autorités savent où chercher pour résoudre le problème.
Lait infantile : débat entre norme française et norme européenne
Le lait dit 1er âge se donne dans les premiers mois de la vie du nourrisson. Son alimentation n’est pas diversifiée, il ne se nourrit que de cela. Un bébé de six mois ingurgite en moyenne quatre biberons de 210 millilitres par jour. Le lait aurait une teneur moyenne de 153 microgrammes d’aluminium par litre, donc le nourrisson ingurgiterait 897 microgrammes d’aluminium par semaine. Bien que cette dose soit anormalement élevée, elle reste en dessous de la dose tolérable européenne. Celle-ci s’élève à un milligramme par kilo de masse corporelle. L'Agence Européenne de Sécurité alimentaire tente de rassurer les esprits. Les taux retrouvés sont en effet inférieurs de 70% à la dose acceptée.
Une réglementation à revoir pour les laits destinés aux enfants
L’institut National de Consommation demande l’établissement d’une limite réglementaire davantage stricte. Les normes s’appliquent en effet à l’ensemble de la population, et l’organisation souhaite que des différenciations soient appliquées, notamment selon les âges (nourrissons, enfants, adultes, séniors), ce qui parait plutôt logique dit comme cela.
Dans cette même idée, le magazine 60 millions de consommateurs explique « Faute de connaissances précises sur l’impact de l’aluminium chez les tout-petits, il nous apparaît légitime d’exiger soit une limite réglementaire dans les laits infantiles, soit une obligation d’étiqueter la teneur sur l’emballage», et termine en ajoutant « Il faudrait au moins que la mention des teneurs soit rendue obligatoire, afin de permettre aux parents de choisir ».
Pour l’année 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) souhaite mettre la priorité sur les plus grands contaminants pour les enfants. Des études constatent que l’aluminium, naturellement présent dans l’environnement, peut provoquer des effets néfastes sur le système nerveux central et le tissu osseux. L’Anses prévoit donc, devant ces révélations, de se pencher particulièrement sur le cas de l’aluminium dans les laits infantiles.