Le Pen et les fonctions de reproduction des femmes

« Il faut convaincre les femmes de notre peuple de l’absolue nécessité d’assumer leur fonction de reproduction »

« Il faut convaincre les femmes de notre peuple de l’absolue nécessité d’assumer leur fonction de reproduction », la phrase est lancée par Jean-Marie Le Pen lors d’une visite vendredi à la fédération du Front nationale à Toulon rapporte VarMatin. Le président d’honneur du Front National, qui s’était félicité du projet de loi espagnol sur l’avortement, soutient activement le mouvement anti-IVG en France.

Propos dépassés pour les uns, cohérents pour les autres, le président d’honneur du Front national  continue, malgré tout, de faire des apparitions retentissantes et provoquantes devant la presse. « Cette question de l’avortement » selon lui, « est très délicate (…), la question principale est celle de la vie de l’enfant à naître ». En cause, deux points : l’enfant à naitre et le droit à contester une pratique qui touche à des questions de morale. Pour beaucoup de personnes opposées à l’IVG, l’avortement revient à tuer un enfant, lui ôter la vie sans lui avoir donné une chance sur Terre, mais est-il pour autant plus approprié de faire venir un enfant au monde dans une famille qui n'était pas prête ? Ou ne le désirait pas ?

Dès lors que des personnes ont une vision différente de la vie, certes marquée par la culture judéo-chrétienne, pourquoi leur demander de rentrer dans un carcan, se plier devant quelque chose qui les effraie et surtout, pourquoi leur refuser le droit d’expression sur cette question ? En proposant un amendement ouvrant le « délit d’entrave » à l’IVG, l’avortement ne pourra plus être contesté : la liberté d’expression de Monsieur Lepen est certes abusive, mais qu’en est-il de celle du peuple ?

Le droit à l’avortement doit se présenter pour toutes les femmes qui le souhaite, pour autant sera-t-il juste de forcer des personnes qui n’y sont pas favorables, à soutenir l’IVG. Un amendement a été proposé pour lutter contre la désinformation sur l’IVG. Cécile Edel, porte-parole du collectif "choisir la Vie" s’était exprimée sur cette question lors de la manifestation dimanche, livrant ses craintes quant à une possible obligation de « soutenir » l’IVG sur leur site d’information.
La question de l’IVG, qui concerne un peu plus de 200.000 cas en France chaque année, peut difficilement se résumer à une simple question de procréation.

Condamner les propos de M. Le Pen ne serait pas juste lorsque l’on réclame plus de liberté d’expression, cependant, comme à son habitude, le président du Front National ne sait tourner ses phrases pour en faire des propos cohérents au 21ème siècle et choque l'opinion publique en réduisant la femme à une simple génitrice, alors même que la loi d'égalité homme-femme est débattue cette semaine à l'Assemblée.