60 000 bébés prématurés chaque année en France : quelles solutions ?
Rédigé par Laure Hanggi , le 17 November 2014 à 14h43
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Un nourrisson qui vient juste de naître.
À l'occasion de la 3ème édition de la Journée mondiale de la prématurité, plusieurs études reviennent sur les causes et les dangers de ce phénomène. Le manque de concertation des femmes avec leur médecin avant la grossesse est notamment montré du doigt, la prématurité ayant tué plus d'un million d'enfants en 2013.
La prématurité : un fléau chez les enfants
En ce 17 novembre 2014 se tient pour la troisième fois la Journée mondiale de la prématurité, dont le but est de sensibiliser l'opinion à ce phénomène, tout en recueillant des fonds pour améliorer la prévention, le suivi des grossesses et la prise en charge des familles.
À cette occasion, The Lancet, célèbre revue scientifique britannique, a publié une étude, dont il ressort que plus de 3 000 enfants meurent chaque jour dans le monde, suite à des complications liées à la prématurité. Cette dernière est ainsi la première cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans. En effet, sur les 6,3 millions d'enfants, âgés de moins de 5 ans qui sont décédés en 2013, 1,1 million l'ont été suite à des complications découlant d'une naissance prématurée.
Selon un rapport parlementaire rendu public en 2004, la prématurité est en hausse constante depuis les années 1980, cette évolution étant devenue la cause principale du handicap chez l'enfant. Comme l'explique le professeur Pierre-Henri Jarreau, chef du service de médecine et de réanimation néonatale de la maternité de Port-Royal à Paris, « ces enfants [prématurés] ont plus de risques de développer des anomalies dans leur développement neurologique comme dans leur développement en général. La majeure partie ira bien et ne posera pas de problèmes. Mais certaines vont présenter des complications, soit visibles rapidement après la naissance, soit ultérieurement ».
En France, plus de 60 000 bébés naissent prématurément chaque année (avant la fin du 8ème mois de grossesse), soit près de 7 % des naissances, selon les résultats de la dernière enquête périnatale, réalisée en 2010. La moitié de ces naissances prématurées ne sont cependant pas spontanées mais provoquées par les équipes médicales, dans le cas de grossesse mettant en danger la santé de la mère et/ou du fœtus.
36 % des femmes entament une grossesse sans la moindre information
Une enquête, réalisée par OpinionWay sur Internet du 22 au 28 octobre et rendu publique le 17 novembre, a révélé que les femmes ayant consulté un médecin avant le début d'une grossesse étaient minoritaires. L'étude, dont le panel était composé de 1 010 femmes de plus de 18 ans et représentatives de la population féminine, a été commandée par la Fondation PremUP, un réseau de recherches et de soins en périnatalité. Selon sa porte-parole, Albane Tresse, « les femmes n'ont toujours pas le réflexe de se dire : j'ai un projet de bébé, je consulte ».
Il ressort de cette enquête que, bien que conscientes des risques liés au tabac ou à l'alcool, plus d'un tiers des femmes entament une grossesse sans la moindre information – autrement dit sans aucune préparation personnelle ou médicale appropriée.
Les accouchements prématurés, favorisés par les grossesses multiples, l'âge de plus en plus avancé des mères ou par de mauvaises conditions socio-économiques, le sont également par une prise en charge trop tardive de certaines femmes. Comme le précise Albane Tresse, 10 % des femmes consultent pour la première fois uniquement après le premier trimestre de grossesse, soit deux fois plus qu'en 2003.
Le milieu social joue également un rôle dans l'appréhension d'une grossesse. Ainsi, les femmes aux faibles revenus et niveau d'éducation, ou bien les mères célibataires, sont les moins bien préparées.
Associée à des facteurs tels que l'isolement ou le fait de ne pas parler français, la méconnaissance des risques liés à certaines pathologies telles que le diabète ou l'hypertension artérielle (une des complications les plus courantes et redoutées) peut placer les femmes dans des situations périlleuses.
Améliorer la prise en charge
Si les femmes ne sont pas aussi vigilantes qu'elles le devraient avant la grossesse, elles sont 86 % à respecter toutes les étapes du suivi médical une fois enceintes (bien qu'entre 19 % et 30 % ne modifient pas leur comportement face à des facteurs de risque tels que le tabac, l'alcool ou les polluants).
75 % des femmes enceintes déclarent craindre un accouchement prématuré selon une étude de l'Institut des Mamans pour AbbVie en 2013 (entreprise spécialisée dans la recherche pharmaceutique), chargée d'évaluer le niveau d'information des futures mères concernant la prématurité.
Si seulement 19 % des femmes interrogées dans le cadre de cette étude ont déclaré avoir été informées par leur médecin, 20 % n'avaient reçu aucune information, alors qu'elles étaient 87 % à considérer que leur médecin gynécologue devait être une source d'information omniprésente.
Deux tiers des femmes ayant eu un enfant prématuré souhaiteraient bénéficier d'un accompagnement émotionnel et psychologique, qu'elles ne trouvent malheureusement pas dans la majorité des cas. 40 % des mères de grands prématurés font ainsi appel à une professionnel de santé ou suivent une thérapie.
La journée mondiale de la prématurité, créée en 2009 par l'association SOSpréma, vise donc à alerter les pouvoirs publics et sensibiliser l'opinion, afin que les familles puissent être mieux accompagnées.