Poux : non à l'utilisation des produits vétérinaires sur les enfants !

L'Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses) a émis une mise en garde pharmaceutique dans un communiqué daté du lundi 15 décembre 2014. En cause, des comportements inquiétants de parents qui utilisent des produits vétérinaires pour lutter contre les poux de leurs enfants. 

Une mise en garde qui vise des comportements inquiétants

L'Agence nationale de la sécurité sanitaire, alimentaire et environnementale (Anses) a mis en ligne sur son site, lundi 15 décembre 2014, un communiqué rappelant le danger de l'utilisation de produits vétérinaires pour traiter les poux des enfants. Ce conseil, qui peut faire sourire, découle en réalité du comportement inquiétant de certains parents. L'Agence a en effet été informée de l'utilisation de certains produits vétérinaires dans le traitement des poux chez les enfants. Pour certains parents, il semblerait que tous les moyens soient bons pour venir à bout de ces parasites coriaces.

C'est l'Agence régionale de santé (ARS) des Midi-Pyrénées qui a fait remonter l'information, suite à la constatation de ces pratiques par plusieurs pharmaciens. C'est pourquoi l'Anses rappelle qu'aucun « traitement antiparasitaire, insecticide ou acaricide destiné aux animaux de compagnie ne doit être administré à un humain, a fortiori à un enfant ».

Cette tendance peut s'expliquer par la volonté des parents d'utiliser un produit qu'ils pensent plus performant (car plus fort), la lutte contre les parasites animaliers étant souvent plus efficace que la traque des poux dans les cheveux des enfants. Ces comportements ne sont pourtant pas sans risque.

Les traitements pour les animaux sont inefficaces et dangereux pour l'homme

Comme l'explique Jean-Pierre Orand, le directeur de l'Anses, « les tiques, puces et poux broyeurs présents chez l'animal ne sont pas les mêmes que le pou humain, même s'ils appartiennent à la même famille zoologique ». Par conséquent, les produits destinés à éradiquer les puces des animaux ne sont pas efficaces contre les poux que l'on trouve dans les cheveux humains.

De plus, les tests effectués sur ces produits, préalablement à leur commercialisation, ne permettent pas de connaître leur dangerosité sur l'Homme : les études toxicologiques et cliniques (...) ne prennent en compte que la physiologie et les problèmes pathologiques de l'espèce animale concernée ». Autrement dit, les chiens ou les chats, qui ont une peau bien différente de la nôtre. Aujourd'hui, ces traitements vétérinaires sont sans danger pour l'Homme uniquement dans le cadre de leur manipulation et de leur administration à un animal. Ce qui n'est pas le cas lors de leur pose sur les cheveux d'un enfant, insiste l'Anses. 

Si les anti-poux et les produits vétérinaires ont tous deux vocation à bloquer la respiration des parasites, les dosages et les possibles effets secondaires sont différents. « La balance bénéfices-risques est évaluée pour un dosage exclusivement animal », insiste Jean-Pierre Orand. Les risques pour les enfants sont, eux, bien réels. Ainsi, ces traitements vétérinaires peuvent provoquer, en cas d'administration à des enfants, des crises d'asthme voire des intoxications neurologiques mortelles. Ces produits étant, de plus, très inflammables, ils peuvent potentiellement provoquer des brûlures graves.

Des produits facilement accessibles

Si ces comportements ont pu se développer, c'est parce que ces produits sont disponibles sans ordonnance en pharmacie, mais sont également en accès libre dans des animaleries et certains rayons animaliers de grande surface. Cet accès « illimité » a l'inconvénient de rendre impossible l'estimation de la fréquence d'usage de ces produits, explique une responsable de l'Anses.

L'apparition de discussions sur ce sujet sur des forums atteste cependant d'un développement de ces pratiques. L'AFP a ainsi retrouvé un exemple de ce type de discussion sur le site Doctissimo, un des leaders en matière d'information médicale sur Internet en France. Un utilisateur se vante d'avoir trouvé une « solution radicale contre les poux » dans un « antipuce pour chats moyens ». Ce à quoi un autre utilisateur a répondu :« Merci pour cette astuce, perso, je ne la connaissais pas du tout ».

L'utilisation de ces traitements vétérinaires n'est pas la seule méthode à risque de lutte contre les poux. Ainsi, l'utilisation d'huile essentielle de lavande peut être toxique, comme la pulvérisation de certains produits dans un endroit mal aéré.

Il est donc important, en cas d'infestation de poux, d'utiliser des traitements adaptés et de les choisir en fonction de l'âge de l'enfant, en prenant toujours conseil auprès d'un professionnel de santé (médecin, pharmacien, infirmier, etc).

En 2011, l'Anses avait déjà diffusé une mise en garde similaire au sujet de ces dérives.