Multigreffe : sept nouveaux organes pour une fillette de 5 ans
Rédigé par Emmylou Drys , le 15 April 2014 à 17h30
Une longue intervention de douze heures
Le Figaro a récemment révélé un exploit médical qui a eu lieu en 2010 à l’hôpital Necker à Paris. Les chirurgiens ont pu greffer sept organes à une jeune allemande de 5 ans. Trois ans plus tard, elle se porte à merveille.
Rien n’annonçait une vie normale pour Erika, jeune allemande de 5 ans, atteinte de la maladie d’Hirschusprung. Ce syndrome, causant un dysfonctionnement de la partie terminale est une maladie congénitale. Un manque de structures nerveuses paralyse l’intestin et empêche tout le système digestif de fonctionner de manière efficace. Elle est alors nourrie par intraveineuse mais cette procédure finit par boucher les veines d’Erika et donc endommager d’autres organes, dont les reins et le foie. Au fil du temps, tous les organes se détériorent et remplacer tout le système digestif devient alors une nécessité.
Trouver un donneur : un pari loin d'être gagné
Erika a 5 ans et sa maladie prend de l’ampleur chaque jour. Il faut trouver un donneur correspondant à ses besoins. Mais rien de plus difficile car les décès chez les enfants sont rares ce qui complique la tâche. De plus, comme l’expliquait Olivier Bastien pour France Info : « Le don chez l’enfant nécessite de trouver des organes adaptés ». En raison de son jeune âge, il est obligatoire que les organes aient une petite taille et un poids semblables ; donc qu’ils proviennent d’une personne de même gabarit. Autre condition : tous les organes doivent appartenir à un même donneur.
12 heures d’opération
L’opération a duré 12 heures. Tous les organes malades ont été retirés en bloc sur une même opération pour dans le même temps en greffer de nouveaux. C’est une opération de grande envergure. Certes ce n’est pas la première transplantation multi-organes en France mais elle fait tout de même figure de pionnière car l’implantation de sept organes en une même procédure et la reconstruction du système digestif en entier est une prouesse médicale. Pour autant, Olivier Bastien, directeur des prélèvements et de la greffe à l’agence de biomédecine expliquait que la complication d’une greffe ne se multiplie pas par le nombre d’organes. Implanter sept organes ne rend pas l’opération sept fois plus compliquée.
Un succès retentissant
Trois ans et demi plus tard, Erika va bien. Elle peut maintenant jouir de ses nouveaux estomac, duéno-pancréas, intestin grêle, colon, foie et deux reins en toute tranquillité et retrouver une vie normale. Courir, manger, aller à l’école et jouer avec ses copines a remplacé les couloirs aseptisés des hôpitaux auxquels elle était habituée. Comme elle, les organes devraient poursuivre leur croissance normalement. Erika sera toujours sous étroite surveillance par ses médecins et suivra à vie un traitement immunosuppresseur pour éviter le rejet des organes implantés.