Suicide adolescent : le malaise Français

Une étude publiée début Janvier a choqué le monde médical : 21% des jeunes filles déclarent avoir essayé d’attenter à leur vie.

L’adolescence, mythe redouté de tous les parents est souvent un sujet de plaisanterie. En effet le malaise des jeunes tend à être pris à la légère, notamment par les comiques. Il suffit de regarder quelques vidéos sur YouTube : Anne Roumanoff ici, ou Elie Semoun par là. On en rit (très fort certes), mais le monde médical est aujourd’hui concerné par les résultats d’une étude alarmante sur le taux de tentatives de suicide chez les adolescents.

À l’âge de 15 ans, près de 21% des filles et 9% des garçons ont déjà tenté de se suicider

La revue Le concours médical a publié dans son numéro de janvier les résultats d’une étude menée avec l’Institut universitaire de santé publique de Poitiers et l’Observatoire régional de la santé d’Alsace.

Courant 2012, 1817 élèves ont été tirés au sort dans les régions Poitou-Charentes et Alsace et ont répondu à un long questionnaire sur la santé. Dans les lignes du document étaient glissées plusieurs questions afin que l’élève indique s’il avait déjà fait une tentative de suicide.
Les résultats ont choqué : 20,9% des jeunes filles indiquaient qu’elles avaient effectivement déjà essayé d’attenter à leur vie, mais également 8,8% des garçons.

À l’occasion de la journée nationale de prévention contre le suicide, organisée hier mercredi 5 Février, de nombreux spécialistes se sont exprimés sur ce sujet pour le moins inquiétant. Les résultats rendus publics ont en effet interpelé des médecins qui confirment que l’âge moyen des patients reçus pour tentative de suicide, notamment dans les services hospitaliers, était de plus en plus bas. Il aurait ainsi diminué de 17 ans à 15 ans en moins d’une vingtaine d’année.

Lors d’une étude similaire menée en 1993, seulement 9% des adolescentes avaient déclaré avoir déjà essayé de se suicider.
Les personnes ayant réalisé l’enquête veulent rester prudents sur les résultats, en effet la part des moins de 24 ans des 10 524 personnes mortes de suicide en France ne dépasse pas les 4,8% selon l’INSERM.

Alors que faire de ces chiffres ?

Imaginez qu’une jeune fille sur cinq que vous croisez ait attenté à sa vie de manière volontaire. Il y a de quoi paniquer.
La première réaction reste principalement la dérision. On ne croit pas qu’un adolescent ait tenté de se suicider juste parce qu’il s’est scarifié le bras, cependant les psychologues précisent bien qu'il faut essayer de chercher plus loin, de voir la signification de cet acte.

Mais faisons un état des lieux des jeunes en France :

- L’alcoolisme et la drogue n’ont jamais atteints de si forts niveaux de consommation, la hausse du nombre de patients admis dans les hôpitaux pour coma éthylique explose, sans que l’on ne différencie plus cuite de coma. L’overdose est devenue phénomène de société.

- Le tabagisme chez les moins de 24 ans, au lieu de régresser comme on pourrait s’y attendre avec l’augmentation du prix du paquet ne fait qu’augmenter d’année en année.

- Aucun besoin de parler ici de la délinquance et du vandalisme, les vidéos récentes d’adolescents maltraitants ou un chat ou un handicapé mental parlent d’elles-mêmes.

- Et enfin le suicide, ou tout du moins le taux de tentative de suicide bat des records comme le montre cette nouvelle étude.

Le docteur Xavier Pommereau déclare à ce sujet : «Se saouler à ce point, comme avaler des cachets, montre une même volonté d'arrêter de souffrir, de mettre sa vie entre parenthèses. Quand on prend la peine d'interroger ces jeunes, d'ailleurs, ils avouent qu'ils ne vont pas bien ».

N’est-il pas temps d’écouter nos jeunes ? D’étudier spécifiquement et à grande échelle pourquoi tant d’entre eux dans notre société veulent ou ont déjà voulu mourir ? On se moquera toujours des adolescents pour leur démesure, et il est vrai que le sujet de la crise d’adolescence prête à sourire. Cependant, les chiffres sont là, effarants, inquiétants, sur l’état de notre pays et de la condition des adolescents, notamment lorsque l’on sait qu’aux États-Unis, seul 5% de jeunes adolescents interrogés déclarent avoir déjà tenté de se suicider.