Troubles mentaux, de plus en plus fréquents chez les enfants

D’après la pédopsychiatre Marie-Rose Moro, chef de service à la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin à Paris, les troubles mentaux sont désormais la première maladie qui impacte la santé des moins de 15 ans. Très fréquents, ils surviennent en plus très tôt. Les bébés ne sont pas épargnés.

Une réelle souffrance pour les enfants mais sous-estimée par les adultes

Ce constat du Dr Marie-Rose Moro est confirmé par les résultats d’une étude menée par le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre et directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations. Après comparaison des données de l’Organisation Mondiale de la Santé entre 2000 et 2015, il a conclu que les troubles mentaux occupent la première place des pathologies qui touchent les enfants.

Par ailleurs, le Pr Bruno Falissard a procédé à leur classement. Ainsi, les troubles anxieux, les troubles dépressifs, les troubles du comportement et le syndrome d’Asperger sont les maladies les plus fréquentes chez les moins de 15 ans, surtout dans les pays occidentaux. Il regrette que ces enfants en souffrance soient considérés à tort comme des enfants mal élevés.

Cette ignorance des adultes s’explique en grande partie par la précocité des troubles mentaux. A titre d’exemple, la dépression ne touchait auparavant que les adolescents. Pourtant, elle est actuellement plus répandue chez les moins de 10 ans. De même, les tentatives de suicide sont en augmentation constante dans cette catégorie d’âge.

Un état de mal-être grandissant malgré l’absence de passé traumatique

Les pédopsychiatres dressent également un constat accablant. Beaucoup d’enfants atteints de troubles mentaux se trouvent dans un état de mal-être grandissant malgré l’absence de passé traumatique. Le Pr Xavier Pommereau, responsable du Pôle adolescent au CHU de Bordeaux, révèle ainsi que le nombre de cas de troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie mentale et la boulimie avec vomissements est en forte hausse.

Un autre phénomène encore plus dangereux est en train d’exploser. Le Pr Ludovic Gicquel, chef du Pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHU de Poitiers, a constaté que les automutilations ont augmenté de 300% en l’espace de 20 ans. Tel est le résultat de l’étude qu’il a réalisée sur 2 000 adolescents en Alsace et en Poitou-Charentes.

Ces différents troubles mentaux traduisent la souffrance et le mal-être vécus par les enfants. Ils représentent de véritables menaces pour leur santé. Malheureusement, leurs familles sont souvent peu enclines à consulter des professionnels et demander de l’aide. En moyenne, il se passe 4 ans après l’apparition des symptômes avant la première consultation.