Cancers : les produits laitiers sont-ils vraiment nos amis ?
Rédigé par Laure Hanggi , le 27 October 2014 à 14h41
Une petite fille buvant un verre de lait.
Une étude suédoise s'est intéressée au risque de développer un cancer chez les personnes intolérantes au lactose. Selon les chercheurs, ces personnes seraient beaucoup moins susceptibles de développer certains types de cancer (poumon, sein, ovaires). Ces résultats s'inscrivent dans un courant de pensée en pleine expansion qui remet en cause les bienfaits du lait sur la santé.
Des risques de cancer très fortement diminués
Les résultats d'une étude suédoise, publiés dans le British Journal of Cancer, affirment que les personnes intolérantes au lactose, et ne consommant donc pas de produits laitiers, auraient moins de risque de développer des cancers du poumon, du sein et des ovaires.
Ces chercheurs s'intéressaient, à l'origine, à la manière dont l'intolérance au lactose et le développement de certains cancers étaient liés (de manière positive ou négative). Ils ont pour cela identifié 22 788 personnes intolérantes au lactose en Suède, dont les analyses ont été croisées avec le registre national des cancers.
Suite à ce croisement des données, les chercheurs ont déterminé que le risque de cancer du poumon était diminué de 45 %, celui du cancer des ovaires de 39 % et celui du sein de 21 % chez ces personnes. Ces résultats n'ont pu être influencés par des antécédents familiaux, les membres de la famille des personnes étudiées n'étant pas eux-mêmes intolérants. Les chercheurs ont donc abouti à la conclusion que c'était bien cette alimentation particulière qui jouait un rôle protecteur face à certains cancers.
L'intolérance au lactose s'explique par une production nulle ou insuffisante de lactase, une enzyme (protéine fabriquée par l'organisme) digestive dont le rôle est d'absorber le lactose (type de sucre présent dans les produits laitiers). Le lactose arrive donc dans l'intestin sans avoir été adéquatement traité et digéré, ce qui provoque des troubles gastro-intestinaux. Près de 75 % de la population mondiale est concernée par cette intolérance, de manière plus ou moins importante suivant les régions. Si seulement 2 à 15 % des Nord-Européens sont concernés, la quasi-totalité des Asiatiques le sont. Ainsi, si 1 femme sur 10 est atteinte du cancer du sein en Occident, seulement 1 sur 10 000 l'est en Chine.
Le lait de plus en plus remis en cause
Loin d'être une faiblesse du corps humain, cette intolérance au lactose est en fait le fonctionnement originel de l'organisme. À l'origine, le corps humain ne tolérait le lactose que pendant les premiers mois de la vie, avant d'y devenir intolérant définitivement. Suite à la consommation de plus en plus importante de lait chez certaines populations, des mutations génétiques se sont peu à peu développées.
Idéalisée durant les derniers siècles car synonymes de force et de croissance, la consommation de produits laitiers y était fortement recommandée. Ces produits sont cependant de plus en plus souvent remis en cause depuis une quinzaine d'années. De nombreuses questions se posent en effet sur le rôle que le lait et ses dérivés joueraient dans l'apparition de certaines maladies, telles que le diabète ou certains cancers.
Lors du dernier colloque international « Nutrition et Cancer » organisé en juin 2013 à Paris, les spécialistes avaient déjà alerté l'opinion sur ce sujet. Marie-Christine Boutron-Ruault, directrice de recherche à l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif, affirmait alors qu'une consommation élevée de produits laitiers (au moins 3 ou 4 par jour) augmentait le risque de cancer de la prostate. Ce dernier est l'un des cancers les plus souvent dépisté aujourd'hui en France, 55 000 à 70 000 nouveaux cas étant détecté chaque année.
Il faut néanmoins nuancer un minimum ces propos, le lait n'ayant pas que des conséquences négatives sur l'organisme. Bien que ses principaux bienfaits soient à relativiser, et que sa consommation abusive peut être mauvaise pour l'organisme, il a également été prouvé que celui-ci protégeait contre le diabète de type 2 et réduisait le risque de développer des maladies cardiaques. Malgré cela, cette étude, tout comme le colloque "Nutrition et Cancer", semblent appeler à une consommation plus raisonnée et mieux informée du lait et de ses dérivés.