Cancer, le jeûne comme complément thérapeutique

Le jeûne n’est pas une pratique nouvelle. Ses premières applications thérapeutiques datent du 19ème siècle. Depuis une dizaine d’années, plusieurs études américaines vantent ses nombreux bienfaits. Le jeûne thérapeutique permettrait de réduire les effets secondaires des traitements classiques du cancer comme la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie. 

Les cellules cancéreuses incapables de s’adapter au jeûne

Le Pr Valter Longo, chercheur et biologiste à l’université de Californie du Sud, constitue un des pionniers dans l’étude des rôles du régime alimentaire et du métabolisme dans le cancer. Ses travaux sur les levures de raisin ont démontré que le jeûne intense active leur croissance au lieu de les plonger dans un état de faiblesse.

Ensuite, le Pr Valter Longo a transposé son expérience sur des souris soumises à un traitement de chimiothérapie. Les résultats ont révélé que la chimiothérapie seule est moins efficace que la combinaison de chimiothérapie avec des cycles courts de jeûne. En 48 heures, les cellules bien portantes se sont adaptées. Par contre, les cellules cancéreuses en sont incapables. Elles meurent ou régressent.

En d’autres termes, la restriction ou la privation alimentaire agit sur l’expression de certains gènes au profit des cellules saines. Par ailleurs, le jeûne atténue significativement la toxicité de la chimiothérapie. En plus de la diminution de l’état de faiblesse, il a été observé chez les souris moins de fatigue et d’effets indésirables sur leur appareil digestif.

Un complément thérapeutique et non un traitement en soi

Malgré l’espoir suscité par ces travaux, la prudence est encore de mise. En effet, l’efficacité du jeûne thérapeutique sur des humains soufrant de cancer n’est pas établie. D’ailleurs, le Pr Valter Longo lui-même reconnait qu’un essai clinique durant plusieurs années est nécessaire pour savoir si le jeûne thérapeutique produit les mêmes effets sur l’homme.

Ainsi, le jeûne thérapeutique ne peut constituer qu’un complément aux différents traitements du cancer. Les experts envisagent pour l’heure la mise en place de stratégies alimentaires qui sont basées sur le jeûne bref de 24 heures à 48 heures autour des séances de radiothérapie ou de chimiothérapie. Un jeûne prolongé ou un régime de restriction calorique sévère cause une perte de poids inacceptable chez les patients.

Le régime cétogène peut aussi être une alternative. Riche en matières grasses mais sans sucre, il s’agit d’un régime qui mime le jeûne et reproduit ses effets physiologiques. Toutefois, il est difficile à mettre en place chez les adultes. De même, la supervision d’un diététicien formé est nécessaire pour prévenir les risques de carence.