Du botox pour traiter le cancer de l’estomac
Rédigé par Céline Le Goff , le 21 August 2014 à 16h29
Une étude publiée le mardi 20 août dernier dans la revue Science Transnational Medicine révèle que le botox détient d’autres vertus que l’esthétisme. Cette substance, utilisée pour gommer les rimes, est aussi un traitement anticancéreux efficace. Explications.
Rendre les cellules cancéreuses vulnérables en bloquant les signaux nerveux
L’étude a été menée sur des souris et vient corroborer des observations précédentes sur des malades. Il a été conclu par les professeurs Timothy Wang et Duan Chen, de la faculté de médecine de l'Université de Columbia à New York et de l'Université norvégienne de science et de technologie, que les nerfs contrôlent les cellules souches cancéreuses. Ainsi, comme l’a démontré l’étude, bloquer les signaux nerveux permettrait de rendre les cellules cancéreuses plus vulnérables puisque cela supprime un des facteurs clés de leur croissance.
Ils ont testé quatre méthodes de suppression de l’influx nerveux sur des souris atteintes d’un cancer de l’estomac pour tenter de bloquer la progression de la tumeur. Chez un premier groupe de souris, ils ont sectionné les nerfs tout autour du cancer. Dans un deuxième groupe, ils ont sectionné les nerfs sur un côté seulement de la tumeur. Dans un troisième groupe, ils ont injecté du botox dans les zones atteintes par les cellules cancéreuses. Le dernier groupe de souris servait de témoin.
Le botox permet de stopper la progression des cellules cancéreuses
Ainsi, ils ont pu observer que le botox permettait de stopper la progression des cellules cancéreuses de façon significative. Cela s’explique par le fait que la toxine botulique (botox) empêche la production d'acétylcholine, un neurotransmetteur qui stimule la division cellulaire. L’étude cependant ne concerne que le cancer de l’estomac. Elle vient confirmer les résultats d’une étude précédente au Japon qui comprenait 37 patients atteints de ce cancer. Il a pu être observé que les interventions qui comprenaient le plus de sectionnement des nerfs avaient un taux beaucoup plus faible de récurrence de la tumeur.
Le professeur Wang a exprimé son enthousiasme, « basé sur nos études animales, je pense que le Botox ou d'autres thérapies de dénervation vont certainement doper l'efficacité des chimiothérapies standard (...) et des thérapies ciblées ». Ainsi selon lui, un traitement au botox ne serait réellement efficace que s’il est combiné aux traitements anticancéreux traditionnels tels que la chimiothérapie.
De plus, les effets pratiques de ce traitement sont un avantage conséquent pour les patients. Le botox peut être injecté avec une gastroscopie qui ne requiert qu'une visite de quelques heures à l'hôpital. Et le botox, qui peut avoir un effet très localisé, est moins toxique que la plupart des traitements cancéreux standard, moins onéreux et a moins d'effets secondaires.
Cependant, l’étude présente des limites. Les tests n’ont été réalisés que sur des cancers de l’estomac au stade précoce. Il faut de plus tester le traitement sur l’homme avant de pouvoir tirer des conclusions. Le professeur Chen, encouragé par les résultats positifs de l’étude, a commencé un essai clinique de phase 2 en Norvège avec des patients atteints d'un cancer de l'estomac. Les résultats sont attendus avec impatience.