Cancer de la prostate, l’utilité du dépistage discutée
Rédigé par La Rédaction , le 17 November 2016 à 12h23
La prostate est une glande située à l'intersection des voies urinaires et génitales
Cancer le plus fréquent chez les hommes depuis les années 1990, le cancer de la prostate est devenu un problème de santé publique. L’augmentation de son incidence est due à l’influence de la détection des cancers latents et la diffusion du dosage sérique de l’antigène spécifique de la prostate.
Les bénéfices du dépistage systématique non démontrés
Glande située à l’intersection des voies génitales et urinaires, la prostate a pour fonction de produire une partie des sécrétions qui forment le sperme avec les spermatozoïdes. Diverses pathologies peuvent l’affecter telles que les cancers. Si certaines formes de ces tumeurs sont agressives, il s’agit en majorité de cancers à évolution lente, entre 10 et 15 ans. Ces derniers restent très localisés pendant longtemps.
Le dépistage se fait par le dosage sanguin du PSA ou antigène spécifique de la prostate suivi d’une confirmation par biopsie. L’intervention n’est pas anodine. Pouvant être douloureuse, la biopsie est susceptible de provoquer des inflammations, des saignements et des infections. De plus, les traitements, inutiles pour les cancers à évolution lente, causent souvent incontinence urinaire et impuissance.
Par ailleurs, les résultats d’une biopsie s’avèrent parfois faussement rassurants avec les faux négatifs. Tel est notamment le cas si les prélèvements n’ont pas été effectués avec précision dans les zones cancéreuses. Ainsi, la Haute Autorité de la Santé a émis des recommandations contre le dépistage systématique du cancer de la prostate.
Les avis divergents d’urologues et médecins généralistes
Pour beaucoup d’urologues et de médecins généralistes, ces recommandations de la HAS à l’encontre du dosage sérique du PSA ne tiennent pas la route. Ils s’appuient sur une vaste étude européenne, l’ERSPC Trial. Les résultats révèlent une diminution de 21% des risques de mortalité après 13 années de suivi consécutif au dépistage.
Malgré ces confusions, le dépistage du cancer de la prostate demeure également une pratique plébiscitée par les hommes. De 2013 à 2015, environ 50% des hommes de moins de 40 ans se sont soumis au dosage du PSA. Chez les 50 à 69 ans, cette proportion atteint même les 71%. L’année dernière, plus de 48 000 hommes ont subi une biopsie.
Pour prévenir les problèmes de surdiagnostic et de surtraitement, il convient ainsi de réduire les risques, en particulier ceux liés à la biopsie prostatique. De même, il est essentiel d’affiner les techniques de dépistage. Dans ce domaine, l’IRM multiparamétrique apparait comme la solution tant attendue. Cette technique d’imagerie permettrait de guider les médecins lors des prélèvements pour détecter une tumeur agressive.