Une boîte et une goutte de sang pour détecter plus d'une dizaine de cancers
Rédigé par Laure Hanggi , le 15 October 2014 à 13h19
Miriam pourrait permettre de détecter plusieurs cancers uniquement grâce à quelques gouttes de sang.
Une start-up basée aux États-Unis a mis au point un prototype capable de détecter de nombreux cancers uniquement grâce à une goutte de sang. Si la commercialisation de cette invention ne se fera pas avant plusieurs années, elle représente tout de même un formidable espoir dans la lutte contre la maladie.
Une petite révolution dans le monde de l'oncologie
Face à l'absence de traitement préventif des cancers, la détection le plus précocement possible de la maladie est aujourd'hui le moyen le plus sûr d'en guérir. Cependant, la grande majorité des cancers n'étant détectables qu'une fois la maladie à un stade avancé, il est souvent trop tard pour renverser la situation. De plus, les méthodes de diagnostic de la plupart des cancers sont chères et invasives, ce qui va à l'encontre d'une détection précoce des tumeurs.
Une équipe de chercheurs, formée de microbiologistes, d'entrepreneurs et de data scientists (scientifiques modelant des données), a mis au point un prototype qui pourrait changer la donne dans le monde de l'oncologie. Cette invention, dénommée Miriam, est encore en phase de test mais pourrait permettre de détecter l'apparition de cancers beaucoup plus tôt que ce qui est possible aujourd'hui.
Cette invention, en forme de boîte, a été présentée au public jeudi dernier à la Conférence TED (conférences multi-disciplinaires qui ont pour vocation de « propager des idées) à Rio. Elle a été décrite par Chris Anderson, l'administrateur de l'événement comme « l'une des démonstrations les plus exitantes dans l'histoire des TED ». Bien qu'étant encore à ses débuts, Miriam pourrait rendre le dépistage des cancers aussi simple qu'une banale prise de sang.
Comment ça marche ?
Le secret de cette invention réside dans des biomarqueurs se trouvant dans notre corps, les microARN. Jusqu'alors, les scientifiques pensaient que ces marqueurs n'étaient présents que dans les cellules, ce qui les rendaient difficiles d'accès. Or, depuis 2008, on sait que ces microARN se trouvent également dans le sang. Si l'on sait depuis leur découverte en 1993 que ces marqueurs sont des indicateurs biologiques très efficaces, l'intérêt qui leur est porté s'accroît depuis quelques années. Ces microARN pourraient ainsi détecter un cancer, mais aussi préciser de quel type il s'agit.
Comment Miriam exploite-t-elle les données qu'elle reçoit ? Une fois l'échantillon de sang prélevé, celui-ci est placé dans une plaque de 96 puits, dont chacun de ces derniers a été préalablement traité avec une biochimie breveté. La plaque va ainsi agir comme un « piège à microARN », des puits émanant une couleur verte en présence de ces marqueurs. En une heure, la réaction chimique est terminée et les résultats peuvent être envoyés sur un serveur Cloud qui va comparer les données avec les cas déjà référencés de personnes atteintes du cancer.
C'est dans un centre de la Silicon Valley que Fay Christodoulou, a l'origine du projet, constitue une équipe de recherche, qui mettra au point la start-up Miroculus et la projet Miriam.
Toute une base de données à élaborer
C'est ce cloud de données que les chercheurs doivent encore élaborer pour permettre au système d'analyser correctement les résultats envoyés par Miriam. Et cela va prendre du temps. En effet, les microARN ne se manifestent pas uniquement en cas de cancer. Prendre de l'aspirine ou être victime d'une infection respiratoire peut déclencher l'apparition de ces marqueurs dans le sang. Ainsi, pour assurer l'efficacité et la fiabilité de son système, Miroculus doit être capable de déterminer quels résultats sont à lier à un cancer ou à mettre sur le compte d'autres facteurs (état de santé, prise de médicaments, environnement,etc.). « En tant qu'entreprise axée sur les données, ce sont le recueil et la corrélation des informations, ainsi que les conclusions que nous en tirerons qui nous donneront de la valeur » déclare l'un des créateur du prototype.
C'est pourquoi Miroculus ne présente pas encore son projet à la FDA (l'Agence américaine des produis alimentaires et médicamenteux) mais s'allie à des compagnies pharmaceutiques, qui utilisent Miriam pour analyser la réaction de patients à de nouveaux médicaments. Parallèlement, Miroculus collecte des données afin de constituer une base solide à l'utilisation de Miriam en tant qu'outil de diagnostic.
À long terme, les créateurs veulent que Miriam, qui sera vendu à un prix très abordable (500$) équipe un maximum d'hôpitaux et de cliniques dans le monde. En effet, sa facilité d'utilisation ne nécessite pas une formation particulière en amont. Miriam pourrait ainsi être utilisé dans des régions du monde défavorisées ou isolées qui n'ont pas les moyens d'investir dans de lourds équipements de dépistage du cancer.