5-FU, toxicité sévère en cas de déficit en DPD
Rédigé par La Rédaction , le 13 February 2018 à 12h27
Le 5-FU est un médicament anticancéreux très puissant.
Le 5-Fluoro-Uracile, couramment appelé 5-FU, est un médicament anticancéreux très utilisé depuis plus de 60 ans. Il est largement prescrit pour traiter les tumeurs cancéreuses ORL, du sein et du système digestif. Pourtant, pour certains malades ayant un déficit en enzyme DPD, il fait courir de très sérieux risques.
Un puissant anticancéreux aux effets nocifs évitables
Médicament anticancéreux extrêmement puissant, le 5-FU empêche la synthèse d’ADN au sein des cellules à division rapide, qu’elles soient cancéreuses ou non. Cette action entraine plusieurs effets indésirables graves comme des atteintes hématologiques et digestives. Le 5-FU est susceptible de causer une baisse du nombre de plaquettes et de cellules immunitaires ainsi que des diarrhées et des vomissements.
Entre 2005 et 2015, ces effets secondaires ont été constatés chez plus de 1 500 personnes en France d’après le bilan dressé par le centre régional de pharmacovigilance de Marseille. Il fait état de 133 décès et de 155 patients ayant eu un pronostic vital engagé. Ces intoxications sont dues au manque ou à l’absence de DPD ou dihydropyrimidine déshydrogénase.
Selon le Dr Michèle Boisdron-Celle, responsable du département de biopathologie du cancer à l’Institut de cancérologie de l’Ouest, cette enzyme a pour rôle d’inactiver le 5-FU au niveau du foie. Chez un patient présentant un déficit en DPD, administrer une dose standard de 5-FU peut ainsi être mortel. Une simple prise de sang permet de l’évaluer.
Un dépistage systématique non encore recommandé à ce jour
Le dépistage systématique du déficit en DPD est une pratique non encore recommandée dans l’Hexagone, ni dans aucun autre pays. L’association francophone de défense des victimes du 5-FU et analogues présentant un déficit en DPD dénonce cette situation. Pourtant, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a déjà été alertée deux fois par deux députés de la Loire.
Pour sa part, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé vient de rappeler aux médecins l’existence de tests permettant de dépister le déficit en DPD. En mars 2017, un comité technique de pharmacovigilance de l’ANSM a déjà recommandé le dépistage systématique avant de débuter toute chimiothérapie à base de 5-FU.
De son côté, l’Institut national du cancer a lancé une évaluation scientifique indépendante des tests actuellement disponibles. Identifier les plus performants est primordial afin de réduire le nombre des faux positifs. 80 000 à 100 000 personnes sont concernées par ce traitement. Pour l’INCA, qui remet en cause la fiabilité des tests, il est tout simplement inconcevable de les priver des fluoropyrimidines.