Prostate : le cancer soigné par ultrasons

71 000 cas de cancers de la prostate sont diagnostiqués tous les ans en France. La chirurgie et la radiothérapie sont efficaces mais lourdes et présentent de nombreux effets secondaires. Les ultrasons pourraient être la solution à tous ces inconvénients. 

Plus de chirurgie lourde, plus de radiothérapie : les cancers de la prostate se soignent via les ultrasons désormais. Ce nouveau traitement, adapté aux cancers de stades faible et intermédiaire, a été baptisé Focal One. Il allie l’imagerie IRM et l’échographie 3D afin de réduire les effets secondaires.

80% des cancers de la prostate sont curables

Enfin un traitement local ! La société EDAP TMS a conçu et fabriqué ce dispositif pour cibler la tumeur et permettre une meilleure efficacité dans le traitement. Les ultrasons ont été testés pour la première fois à l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon.

Le Dr Albert Gelet, du service urologie et de transplantation indique que  « la fusion de l'IRM et de l'échographie permet aux chirurgiens de cibler les ultrasons plus précisément sur la tumeur et de délimiter la zone à détruire, tout en pouvant ajuster en temps réel », en précisant que cela permet de réduire considérablement les effets secondaires. En effet, si 80% des cancers localisés de la prostate sont curables, les traitements habituels, à savoir la chirurgie ou radiothérapie, entraîne « des risques élevés d'incontinence urinaire ou de séquelles sexuelles ». Le Dr Sébastien Crouzet, chirurgien urologue poursuit : « en ciblant le traitement, on diminue de dix le risque d’effets secondaires ».

L’opération est plus rapide, moins lourde et s’avère similaire à une péridurale puisque seul le bas du corps du patient est endormi. Une sonde est introduite dans le rectum afin de visualiser au mieux la tumeur en trois dimensions. Sébastien Crouzet explique que «  normalement, une séance de 20 minutes à 2 heures, selon les cas, suffit pour traiter le patient qui n’a aucune cicatrice à la sortie ».

8 000 Français meurent du cancer de la prostate par an

Depuis leur mise au point finale en juin 2013, les ultrasons ont déjà été testés sur plus de soixante patients à Lyon : c’est une grande avancée pour ce cancer qui tue 8 000 Français par an (à titre de comparaison, le cancer du sein tue 10 000 femmes en France par an). Les médecins aimeraient aussi élargir la méthode à d’autres pathologies. « On a déjà traité une vingtaine de patients qui avaient un cancer du foie, selon un membre de l‘équipe. On envisage de traiter de la même façon les tumeurs du poumon.»

Cependant, bien que ce dispositif présente des résultats honorables, il n’a pas encore été approuvé en tant que « standard thérapeutique » et est toujours en période d’évaluation. Il faudra attendre jusqu’à dix ans pour qu’il soit approuvé. En attendant, la méthode séduit : depuis le début du mois d’avril une autre machine circule dans les hôpitaux de Bordeaux, Toulouse, Lille et Paris, mais aussi en Suisse, en Allemagne et en Pologne.