5 ans après Fukushima : point sur les cancers de la thyroïde
Rédigé par La Rédaction , le 11 March 2016 à 11h47
Les radiations libérées lors de l'accident nucléaire de Fukushima le 11 mars 2015 ont eu des conséquences dramatiques pour de nombreux enfants.
Voici 5 ans aujourd'hui, le 11 mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima a été endommagée par un tsunami et a laissé s’échapper dans l’environnement des particules radioactives. Cette catastrophe est le second accident nucléaire le plus grave après celui de Tchernobyl. Ses conséquences sur la santé sont alarmantes d’après le Professeur Tsuda.
Une vaste campagne de dépistage de cancers thyroïdiens
Le principal risque après l’accident nucléaire de Fukushima est la recrudescence des cancers thyroïdiens à cause d’une forte exposition à l’iode 131. Ainsi, quelques mois après l’accident, une vaste campagne de dépistage a débuté avec pour objectif de détecter de manière précoce les signes avant-coureurs de cette maladie chez les enfants âgés de moins de 18 ans avant cet événement.
Cette étude conduite sous la direction du Professeur Tsuda a été réalisée sur 300 476 enfants et a commencé à la fin de l’année 2011. Les résultats sont plutôt alarmistes. Les sujets ayant présenté des nodules solides de 5mm ou des kystes remplis de fluide supérieurs à 20,1mm sur la thyroïde représentent la moitié des individus suivis.
Des examens complémentaires ont été pratiqués sur ces 150 238 enfants. Une centaine de cas de cancers thyroïdiens ont été diagnostiqués. Les résultats publiés par le Professeur Tsuda font état d’une incidence de 0 à 605 cas pour un million suivant les localités, une valeur 30 fois supérieure au taux normal de cette pathologie chez les enfants.
Des résultats fortement contestés par les scientifiques
Toute la communauté scientifique ne partage pas l’avis du Professeur Tsuda. Kenji Shibuya de l’université de Tokyo parle notamment de sur-diagnostic ayant abouti à l’ablation inutile de la thyroïde chez de nombreux enfants dans la région de Fukushima. De même, Richard Wake de l’université de Manchester juge inappropriée la comparaison des résultats avec le registre national vue l’étendue de l’étude.
Pour le spécialiste du cancer de la thyroïde à l’université de Cambridge, Dillwyn William, les résultats de l’étude après la catastrophe nucléaire de Fukushima suggèrent plutôt que certains cancers thyroïdiens trouveraient des origines dans la petite enfance. Par ailleurs, la formation des nodules et des kystes sur la thyroïde serait beaucoup plus fréquente.
Pour étayer cette thèse, Noboru Takamura de l’université de Nagasaki a réalisé une étude sur 4 365 enfants de 3 à 18 ans de trois localités géographiques non exposées aux radiations. Il a utilisé les mêmes outils de diagnostic et le même protocole. Ses conclusions se rapprochent de celles du Professeur Tsuda avec une prévalence de 230 cas pour un million.