Dépistage du cancer du sein, vers plus de personnalisation
Rédigé par La Rédaction , le 06 October 2016 à 12h05
La rénovation profonde du dépistage du cancer du sein annoncée par la ministre de la Santé.
Très rare chez les hommes, représentant moins de 1% des cas, le cancer du sein est par contre plus fréquent chez les femmes. Une femme sur onze serait atteinte au cours de sa vie. Rénover le programme de dépistage organisé actuel est ainsi nécessaire afin d’optimiser son efficacité.
Remise en cause du programme de dépistage généralisé
Le programme de dépistage du cancer du sein a été généralisé à l’ensemble des Françaises de plus de 50 ans en 2004. Toutefois, celui-ci ne répond pas aux attentes de ses partisans et ne satisfait pas non plus ses détracteurs. Dans ce contexte, Marisol Touraine, ministre de la santé, a annoncé sa rénovation profonde pendant le lancement de l’Octobre Rose.
Le programme actuel invite par courrier les femmes de 50 à 74 ans à faire une mammographie tous les deux ans. Les femmes de moins de 50 ans présentant des facteurs de risque sont aussi concernées. D’après les conclusions d’un comité d’orientation indépendant, si la balance entre bénéfices et risques est positive, celle-ci est largement inférieure aux estimations.
Par ailleurs, ce rapport dénonce de nombreux dysfonctionnements et anomalies graves dans l’organisation du programme de dépistage généralisé. Le comité a pointé du doigt l’absence d’informations complètes et loyales sur les risques et incertitudes du dépistage. De même, il doute de la pertinence de certaines stratégies thérapeutiques et déplore le marketing outrancier de la campagne Octobre Rose.
Faussement positif dans 10% des cas et sur-diagnostic
Le comité d’orientation indépendant dirigé par Norbert Ifrah, Président de l’INCa ou Institut National du Cancer, a organisé une concertation citoyenne et scientifique à la demande de la ministre de la Santé. La nécessité d’engager des réformes en profondeur du programme de dépistage organisé résulte des travaux. Plusieurs recommandations allant dans ce sens ont ainsi été remises à Marisol Touraine.
Une des mesures préconisées est de replacer le médecin généraliste au cœur du diagnostic du cancer du sein et de renforcer son rôle dans l’identification du niveau de risque, de conseil et d'accompagnement des femmes. Le comité entend ainsi limiter les risques de sur-diagnostic et de sur-traitement débouchant sur des ablations inutiles de cellules anormales.
Pour sa part, l’INCa ne recommande pas l’abandon du programme de dépistage généralisé. Pour cet organisme coordonnant l’ensemble des acteurs de la cancérologie en France, cela serait plus dommageable. Le dépistage représentant un enjeu stratégique de santé publique, l’arrêt du programme générerait des iniquités et des pertes de chance. Un diagnostic précoce permet de guérir 9 cas sur 10.