Grogne des kinésithérapeutes contre l’arrêté sur la chiropraxie
Rédigé par La Rédaction , le 27 June 2018 à 12h13
Les kinésithérapeutes indignés
Le 15 mars 2018, le ministère de la Santé a publié dans le Bulletin officiel Santé un arrêté qui encadre la formation et la pratique de la chiropraxie. Celui-ci confère à tout détenteur du titre de chiropracteur la possibilité d’acquérir une grande partie du champ de compétences attribué aux kinésithérapeutes.
Publication sans concertation préalable avec les kinésithérapeutes
Le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes s’indigne de la publication de cet arrêté ministériel. Pour cause, celle-ci n’a fait l’objet d’aucune consultation préalable des kinésithérapeutes. Pour Pascale Mathieu, présidente du CNOMK, il s’agit simplement d’une manœuvre du ministère de la Santé pour tenter de légitimer une pratique non conventionnelle ne disposant d’aucun fondement scientifique.
En plus d’attribuer aux chiropracteurs une partie des actes de soins des kinésithérapeutes, cet arrêté reconnait également le diplôme de chiropraxie au grade de master. Pourtant, malgré les cinq années d’études, les kinésithérapeutes ne bénéficient pas de cette qualité. Par ailleurs, les écoles de chiropraxie sont désormais habilitées à enseigner diverses techniques de rééducation fonctionnelle.
Les différentes composantes de la profession sont unanimes et parlent de manque de respect, de déception et de perte de confiance envers la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Depuis fin mai, une pétition a été lancée et a déjà récolté plus de 90 000 signatures. Les organisations qui rassemblent les kinésithérapeutes prévoient de tenir une manifestation devant le ministère le 5 juillet prochain.
Incompréhension au ministère et satisfaction chez les chiropracteurs
L’emballement autour de cet arrêté ministériel sur la chiropraxie relève juste d’un malentendu selon le cabinet de la ministre de la Santé. Pour le ministère de la Santé, celui-ci ne modifie en rien ni la reconnaissance, ni les conditions d’exercice de cette profession. L’unique objectif de cet arrêté ministériel est de préciser le niveau d’encadrement de ce métier.
Pour l’Association française de chiropraxie, cet arrêté ministériel est perçu comme la volonté de promouvoir cette profession. En effet, à l’inverse des kinésithérapeutes, les chiropracteurs ne sont pas reconnus comme des professionnels de santé. D’après Philippe Fleuriau, président de l’AFC, ces nouvelles attributions se rapprochent de leur pratique réelle, ce qui constitue un gage de sérieux de leur formation.
Pourtant, les kinésithérapeutes ne l’entendent pas de cette oreille. Le CNOMK voit dans cet arrêté ministériel la volonté du ministère de la santé de dérembourser peu à peu les actes de kinésithérapie afin de faire des économies. Pour rappel, la consultation d’un chiropracteur ne nécessite pas d’ordonnance et n’est pas prise en charge par la sécurité sociale.