Interview : La chiropraxie, une médecine douce méconnue

Pourquoi aller voir un chiropracteur ? De quels maux peut-il vous soulager ? Les réponses dans cette interview de Anne-Sophie Chataigner, praticienne en chiropraxie.

Les chiropracteurs sont de plus en plus nombreux à travers le monde, deuxième profession de santé aux États-Unis, cette branche médicale a été officiellement reconnue en France par le Ministère de la Santé le 19 Février 2002 après plusieurs dizaines d'années d'existence en tant que médecine non-conventionnelle. La chiropraxie reste cependant assez méconnue du grand public. À l'occasion du salon Bien-être et médecine douce qui se tient ce week-end et afin d'en expliquer les grands principes, nous avons interrogé une jeune chiropracteur exerçant à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine, Anne-Sophie Chataigner.

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Allo-Médecins : Pouvez-vous tout d'abord nous éclairer sur les appellations officielles : parle t-on de chiropraxie ou de chiropractie ? Et de chiropracteur ou de chiropraticien ?

Anne-Sophie Chataigner : On peut effectivement s'y perdre un peu. Le terme officiel a en fait changé depuis les décrets de 2011. On parlait avant de chiropraticien, aujourd'hui chiropracteur est utilisé autant pour les hommes que pour les femmes. La discipline s'appelle quant à elle chiropraxie.

A.M : Pouvez-vous définir pour nos lecteurs de manière générale ce qu'est la chiropraxie ?

A.S Ch : La chiropraxie est une thérapie de santé manuelle. La définition exacte serait : « un diagnostic et un traitement des troubles de l'appareil neuro-musculo-squelétique ».

A.M : Et quels sont les différents lieux d'exercice des chiropracteurs ?

A.S Ch : Je dirais que 90 % voire 95 % exercent en cabinet libéral, cependant il se développe aujourd'hui des associations médicales telles que des maisons de santé et des pôles santé en collaboration avec d'autres professionnels de la santé dans lesquels les chiropracteurs commencent peu à peu à apparaître. J'espère que dans les années à venir, la chiropraxie sera également pratiquée en milieu hospitalier, mais pour le moment c'est un cas très marginal.

A.M : J'ai cru lire que les chiropracteurs exerçaient également en centres sportifs ?

AS Ch : Oui tout à fait ! Cette pratique est plus développée à l'étranger qu'en France cependant : par exemple l'Inter de Milan possède plusieurs chiropracteurs qui travaillent uniquement pour eux. Certains professionnels de la chiropraxie sont spécialisés et ne travaillent que pour des clubs afin d'y soigner les sportifs.

A.M : Imaginons que je suis un patient, quels symptômes doivent m'amener à vous consulter ?

A.S Ch : Notre champ d'application principal, notre spécialité, est la colonne vertébrale, mais également les articulations périphériques. Vous pouvez donc venir nous consulter pour des douleurs dans le bas du dos, entre les omoplates ou des douleurs cervicales. Nous traitons également les problèmes, gênes et dysfonctionnements au niveau de toutes les autres articulations, comme les genoux, épaules, chevilles ou les poignets.

A.M : Lorsque qu'un patient vient vous consulter, par exemple, avec un mal de dos, comment se déroule la séance ?

A.S Ch : La séance se déroule en plusieurs temps : tout d'abord nous prenons le temps de connaître notre patient tant du point de vue médical que personnel. Nous discutons donc de ses antécédents médicaux, tels que des hospitalisations, des accidents de voiture, etc. Nous étudions également ensemble les radiographies ou IRM qu'il aurait déjà effectuées par le passé. Il est d'ailleurs conseillé d'amener ces documents lors d'une première consultation chez un chiropracteur. Grâce à cet entretien, nous essayons de poser un diagnostic précis sur la douleur du patient. Cela nous permet de dresser un bilan global de santé du patient et ainsi de mieux le soulager par des manipulations adaptées.

Après quelques tests orthopédiques et neurologiques, nous choisissons le traitement qui convient. Évidemment ce traitement sera différent selon le patient et son trouble. Nous ne manipulerons pas de la même façon une dame de 85 ans et un sportif de 25 ans. Contrairement aux idées reçues un chiropracteur ne fait pas que « craquer » ses patients. Le traitement peut être très doux, il n'y a pas forcément de bruit de craquement. Il existe en fait un très large panel de techniques, ce qui nous permet de choisir le soin le plus adapté.

À la fin de la séance, nous prenons le temps de discuter avec le patient de l'évolution probable de sa douleur mais aussi d'organiser, avec son accord, un plan de traitement si plusieurs séances sont nécessaires. Si par exemple un mal de dos traîne depuis 10 ans, ce que l'on appelle une douleur chronique, le traitement nécessitera certainement plusieurs séances, une seule ne suffisant pas à régler 100% du problème. Nous expliquons ainsi au patient la nature de son problème, le nombre de séances nécessaire et pourquoi. Nous lui donnons aussi généralement des conseils de postures, ce qu'il faut faire ou non en attendant une prochaine consultation ou dans la vie en général, mais également des positions à adopter en voiture, au bureau ou pour porter des objets.

A.M : Dans le cas où plusieurs séances sont nécessaires, au niveau de la Sécurité Sociale, comment cela se passe t-il ?

AS Ch : La Sécurité Sociale ne rembourse pas la chiropraxie, tout comme l’ostéopathie. Cependant les mutuelles s'y mettent de plus en plus et remboursent souvent les soins de chiropraxie, dans 85 % des cas. Le patient peut ainsi contacter son organisme de mutuelle pour se renseigner avant sa séance ou demander une liste actualisée des mutuelles qui couvrent ce genre de soins à son chiropracteur. Nous établissons en tout cas des factures pour le remboursement des mutuelles.

A.M : Si l'on parle maintenant des troubles en termes un peu plus techniques, que soignez-vous concrètement dans la colonne vertébrale ? Que remettez-vous en place ?

AS Ch : En fait il y a une confusion très courante dans les termes, les vertèbres ne se déplacent pas au sens propre, sinon on parle de luxation et c'est bien plus grave, et pas forcément du domaine de compétences du chiropracteur. Par contre, sur certaines personnes, on peut trouver des restrictions des mouvements vertébraux : certaines vertèbres vont avoir une mobilité réduite suite à divers stress physiques ou émotionnels. On ne « remet pas en place », ce qui peut faire peur comme terme, mais on redonne de la mobilité aux vertèbres et articulations.

Nous avons un champ d'application assez vaste. Les troubles les plus souvent observés sont le lumbago, la sciatique, les hernies discales, les torticolis, les douleurs dorsales, les entorses rebelles, les maux de tête et les cervicalgies : ce sont les douleurs de cou des personnes qui sont souvent devant leur bureau, leur ordinateur, en voiture, etc.

Les patients viennent souvent nous consulter la première fois parce qu'ils ont mal quelque part. Nous essayons de faire passer à nos patients un message de prévention, et beaucoup y sont réceptifs : il est bon de consulter un chiropracteur plusieurs fois dans l'année pour l'entretien d'une bonne santé vertébrale, et donc d'une bonne santé en générale. C'est un peu comme avec le dentiste, même si l'on a pas mal au dents. Cela permet un suivi du patient.  En effet, traiter une personne qui a eu des séances régulièrement, disons 2 à 3 fois dans l'année par exemple avant de partir aux ski ou avant les vacances d'été, lui permet d'éviter de retomber dans des crises de douleurs aiguës (l'exemple typique de ce genre de crise reste le lumbago).

Un patient qui vient pour la première fois en étant déjà complètement bloqué risque par contre de devoir venir nous consulter à plusieurs reprises avant d'atteindre une amélioration nette de la douleur.
Nous sommes parfois amenés lors d'une première consultation, à nous apercevoir que la pathologie du patient n'est pas de notre ressort. Nous pouvons donc renvoyer le patient vers un autre spécialiste, qui peut être un chirurgien neurologique ou un chirurgien orthopédique par exemple.

Nos 6 années d'études nous servent finalement majoritairement à repérer le trouble du patient : si celui-ci a une toute autre origine que ce dont traite la chiropraxie, cela nous permet de ne pas être induit en erreur. Nous pouvons être amenés à demander d'autres examens au patient tels que des radiologies, des analyses de sang, une consultation chez un autre spécialiste ou encore le second avis d'un médecin généraliste.

A.M : Pour terminer, une question que se posent de nombreux lecteurs : quelle est la différence entre ostéopathe et chiropracteur ?

AS Ch : C'est une question récurrente en effet ! Il existe en fait une différence de formation. Ces dernières restent à ce jour assez hétéroclites entre les différentes écoles et les formations accessibles aux médecins et kinésithérapeutes. Les écoles de chiropraxie quant à elle dispensent toutes le même nombre d'heures de cours, à savoir 5500 réparties sur 6 ans, et ce dans le monde entier. Il n'en existe cependant qu'une seule en France, l'IFEC (Institut Franco-Européen de Chiropraxie).

Au niveau légal également, les chiropracteurs ont le droit d'utiliser les manipulations avec vecteur de force, le terme peut faire peur, mais c'est une manipulation, avec bruit de craquement, qui va légèrement au delà de la limite physiologique de l'articulation, ce qui permet de lui redonner de la mobilité. Enfin nous pouvons manipuler les cervicales sans avis médical au préalable, sans avoir à passer par un médecin traitant, ce que ne peuvent pas faire les ostéopathes.

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Nous remercions Anne-Sophie Chataigner pour sa participation au journal d'actualités de Allo-Médecins. Besoin d'une idée de sortie pour ce week-end ? Visitez donc le salon Bien-être et médecine douce : des invitations gratuites à retirer directement sur le site, par ici.