La société moderne favorise les addictions
Rédigé par La Rédaction , le 27 February 2018 à 10h57
La multiplication des addictions est un phénomène typique de la société moderne.
Cigarette à la pause déjeuner, achat compulsif, etc., quasiment tout le monde est accro à quelque chose dans la société moderne. De nombreux psychologues et philosophes s’accordent à dire que la société contemporaine est un monde d’addicts. L’addiction devient même la norme. Un sujet addict ne fait que suivre la tendance.
Promotion d’une culture de l’excès et de l’accélération
La société moderne, dont l’économie se base sur la stimulation continue de la consommation, nous incite à la performance intellectuelle et physique à n’importe quel prix. Cela a pour effet de nous encourager à outrepasser nos limites. Elle promeut aussi une culture de l’accélération. Dès notre enfance, nous sommes habitués à des réponses instantanées et intenses, semblables aux actions des substances addictives.
En d’autres termes, la société contemporaine banalise l’expérience addictive avant même que nous fassions les premières expériences avec les substances addictives. Jean-Pierre Couteron, psychologue et président de la Fédération Addiction, pointe notamment du doigt la disparition progressive des modalités de contrôle social. Pourtant, elles sont indispensables pour contrôler les comportements individuels. Cela favorise les conduites addictives.
Le dernier Baromètre santé à l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé va dans ce sens. Les auteurs expliquent la hausse constante du taux des fumeurs quotidiens, de 35,2% à 37,5% entre 2010 et 2016, par l’adoption d’une norme sociale pour le tabagisme. Ils avancent la même explication pour l’alcool avec le « binge drinking » ou « beuverie ».
Accompagnement et parcours plutôt que prise en charge
En promouvant une culture de l’excès et de l’accélération, la société moderne court-circuite l’apprentissage de solutions éducatives et l’acquisition de nouvelles compétences. Ainsi, le danger ne se situe pas uniquement dans les substances et les objets potentiellement addictifs, mais dans l’acquisition des connaissances nécessaires à leur usage. Il est important d’en tenir compte pour définir de nouveaux modes d’intervention.
Une telle démarche est essentielle pour sortir de la conception historique de la prise en charge des addictions qui repose principalement sur la désintoxication et le maintien de l’abstinence. L’objectif n’est plus de « sortir le mal du corps » et d’imposer au patient l’abstinence, mais de prévenir les effets délétères des usages des substances et objets addictifs.
A ce titre, il est plus adapté de parler d’accompagnement et de parcours plutôt que de prise en charge et de chaîne thérapeutique. Il est recommandé de faire interagir les outils de réduction des risques, d’intervention précoce et de prévention. De plus, il est utile de redonner sa place à l’éducation pour compléter et renforcer les compétences.