Nouvelle campagne de prévention polémique du lobby du vin

Du fait de sa production de vin, la France possède un lien historique et culturel avec l’alcool. Fort logiquement, il est impensable pour de nombreux Français de le considérer comme une drogue. Pourtant, le vin est de l’alcool vu du foie. Seule la quantité bue compte en termes de toxicité. 

Un mélange des genres douteux pour se donner une bonne image

A l’heure où la science montre les ravages provoqués par l’alcool et l’importance de réduire sa consommation, la France évolue à contre-courant dans un univers permanent de promotion. Pour preuve, le Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 a été publié en catimini en début d’année et ne comporte aucune mesure forte pour promouvoir la lutte contre la consommation d’alcool.

La permissivité des autorités publiques est incompréhensible et commence à inquiéter de plus en plus. Récemment, Vin & Société, structure représentant les 500 000 acteurs de la vigne et du vin, a lancé sa campagne de prévention des risques de l’alcoolisation fœtale avec un visuel associant la rondeur du ventre d’une femme enceinte avec celle d’un verre de vin.

Les défenseurs de la santé publique s’indignent contre ce mélange des genres douteux par le lobby viticole, dont l’objectif est de se donner une bonne image. Cette campagne, diffusée dans la presse féminine et parentale, appelle à s’abstenir « par précaution » et remet en cause subtilement les dangers de l’alcool pendant la grossesse.

Une stratégie pour omettre ou déformer les preuves scientifiques

Les alcooliers ne sont pas à leur première tentative. Au contraire, cette nouvelle campagne s’inscrit dans une stratégie bien élaborée visant à omettre ou à déformer les preuves sur les risques de l’alcoolisation fœtale. Ainsi, les sites web financés par l’industrie de l’alcool font tout pour que les femmes enceintes se sentent moins coupables et les incitent implicitement à boire.

Et Krystel Lepresle, déléguée générale de Vins & Société, d’ajouter dans le communiqué de presse de cette nouvelle campagne de prévention polémique que les alcooliers sont les mieux placés pour recommander aux consommateurs le mode d’emploi de leurs produits. Pourtant, il leur est difficile de faire de la prévention, vu qu’ils vivent des excès de l’alcool.

Bernard Jomier, médecin et sénateur écologiste de Paris, dénonce de son côté un piratage des messages de prévention par les alcooliers. Ils les détournent à des fins de promotion indirecte au profit de l’industrie de l’alcool. Auparavant, ils ont transformé les seuils de consommation à risque, publiés par la Haute autorité de santé, en consommation acceptable d’alcool. 

Sources : Le Figaro