Baclofène, manque d’efficacité avérée contre l’alcoolisme
Rédigé par La Rédaction , le 19 June 2019 à 12h07
L'alcoolisme est une des addictions les plus compliquées à traiter.
L’alcoolisme fait partie des addictions les plus sévères. A part la cocaïne, il n’existe aucune substance aussi désinhibitrice et déstabilisatrice que l’alcool. Longtemps présenté comme le médicament miracle, le baclofène a rapidement suscité l’engouement chez les professionnels de santé. Pourtant, il est désormais prouvé que son efficacité reste limitée.
Une molécule détournée à l’origine de polémiques et de discorde
Autorisé en France depuis 1974, le baclofène est un décontracturant musculaire prescrit à l’origine dans le cadre du traitement de la spasticité musculaire. Ce myorelaxant agit sur le récepteur GABA, principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. Son action permet de limiter les contractions involontaires et de soulager la tension musculaire chez certains patients souffrant de maladies neurologiques.
En 2008, le baclofène est devenu célèbre grâce à Olivier Ameisen et son livre « Le Dernier Verre ». Le cardiologue y raconte notamment avoir pris ce médicament pour combattre son addiction à l’alcool. Depuis, la molécule a été détournée de son usage premier. Des malades l’ont ainsi utilisé pour soigner des troubles du comportement alimentaire, maigrir, etc.
D’autre part, un grand nombre de médecins se met à prescrire le baclofène contre l’addiction à l’alcool, jugeant que la balance bénéfices-risques est largement positive. Or, aucune étude ne permet de l’affirmer avec certitude. En 2013, l’ANSM ou Agence nationale de sécurité du médicament s’autosaisit en raison de l’explosion de la vente du médicament de 2007 à 2012.
Une autorisation de mise sur le marché sous certaines conditions
En juillet 2018, les experts de l’ANSM ont émis un avis défavorable quant à une autorisation de mise sur le marché du baclofène. Ils ont jugé la balance bénéfices-risques comme négative. Pourtant, le laboratoire pharmaceutique Ethypharm a obtenu son AMM en octobre 2018. Sa demande formulée en avril 2017, après trois années de RTU ou Recommandation temporaire d’utilisation, a été validée.
Toutefois, cette autorisation accordée par l’ANSM est assortie de conditions. En premier lieu, les doses autorisées sont bien plus faibles que celles prises par de nombreux patients. Ainsi, la dose maximale autorisée est fixée à 80 mg par jour. Ensuite, la molécule ne doit être prescrite qu’en complément d’un suivi psychosocial et après l’échec des traitements disponibles.
Cette décision résulte du constat des experts de l’ANSM. Ils ont conclu que le baclofène n’a pas apporté la preuve de sa supériorité comparé au placebo. Le seul point où le médicament est meilleur concerne le contrôle de l’envie irrépressible de boire. Des études font également état d’effets indésirables comme les troubles psychiatriques, la fatigue, etc.
Sources : Le Figaro