L’industrie du tabac et ses innombrables manipulations

Face aux dangers du tabac, les autorités gouvernementales et les professionnels de santé font de la lutte anti-tabagisme une des priorités de la politique de santé publique. Ces dernières décennies, celle-ci a donné des résultats prometteurs. L’industrie du tabac fait de son côté du lobbying pour contrecarrer les actions entreprises. 

Tentative de normalisation des produits nouvellement inventés

Plus d’un siècle après l’invention de la cigarette industrielle moderne, des progrès indéniables ont été réalisés en matière de lutte contre le tabac. Parmi les mesures ayant contribué au recul de la consommation de ce produit néfaste figurent l’interdiction des publicités, la hausse des prix et l’interdiction de fumer au travail et dans les transports en commun, puis dans les lieux publics.

Depuis plusieurs années, l’industrie du tabac enregistre une baisse de ses ventes. Entre 2015 et 2016, celle-ci est estimée à environ 1,2%, soit l’équivalent de 173 millions d’euros, d’après les chiffres du Centre de grande distribution du tabac, Logista. La baisse devrait continuer en raison de l’augmentation des prix des cigarettes et du tabac à rouler.

Afin d’augmenter son chiffre d’affaires, l’industrie du tabac a ainsi lancé de nouveaux produits. Surfant sur le succès du vapotage, les cigarettiers ont lancé le tabac chauffé, sans combustion. Il s’agit de dispositif à mi-chemin entre la cigarette et la vapoteuse. Les grands industriels du tabac le présentent comme un produit beaucoup moins nocif que la cigarette.

Stratégie agressive avec opérations de lobbying très organisées

Les professionnels de santé dénoncent avec véhémence les manœuvres insidieuses adoptées par l’industrie du tabac dans le but d’affaiblir la lutte anti-tabac. Par exemple, il n’existe pas d’études scientifiques établissant que ces nouveaux dispositifs ou tabacs « à moindre risque » soient moins toxiques. Les cigarettiers les présentent même comme pouvant aider les fumeurs à arrêter de fumer.

Récemment, le leader de l’industrie du tabac, British American Tobacco, a aussi envoyé des courriers en recommandé avec accusé de réception à des pneumologues et psychiatres. Cette lettre les invite au dialogue. L’Alliance contre le Tabac a rapidement dénoncé cette campagne de communication qu’elle juge contraire à l’article 5.3 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac.

Pour sa part, le cigarettier américain Philip Morris International œuvre en coulisse pour miner le traité antitabac de l’Organisation mondiale de la santé adopté en 2003. Celui-ci incite tous les Etats membres à augmenter les taxes sur le tabac ou encore à durcir leurs réglementations interdisant de fumer dans les endroits publics et de faire de la publicité.