Cannabis à l’adolescence, risque psychotique plus élevé
Rédigé par La Rédaction , le 18 April 2018 à 12h16
Le cannabis peut avoir un impact important sur les risques psychotiques chez les ados.
La consommation de cannabis à l’âge adulte ne produit que rarement des problèmes de santé majeurs et persistants. Par contre, en consommer régulièrement à l’adolescence multiplie par trois le risque de développer une maladie de type schizophrénique. Les jeunes sont beaucoup plus vulnérables, leurs cerveaux étant plus sensibles au Tetra-Hydro-Cannabinol.
Une teneur en THC plus importante et un accès plus facile
La consommation de cannabis chez les adolescents constitue un problème de santé publique pour Franck Schürhoff, expert de la schizophrénie aux hôpitaux universitaires Henri-Mondor de Créteil. Le nombre de cas de troubles psychotiques liés au cannabis a fortement augmenté depuis 2012. L’Observatoire français des drogues et toxicomanies a d’ailleurs constaté qu’ils délaissent la cigarette pour cette drogue « lente ».
Pourtant, consommer tôt du cannabis a des conséquences irréversibles sur le cerveau. Cela a un impact neurologique en affectant l’hippocampe et le précunéus, zones cérébrales associées à l’apprentissage et la mémorisation ainsi que la conscience de soi et la vigilance. Par ailleurs, cette drogue a un impact psychiatrique. Chez les sujets vulnérables, elle favorise l’apparition de dépression.
Depuis quelques années, l’accès au cannabis est plus facile pour les adolescents. En parallèle, d’autres formes de cette drogue sont proposées sur le marché avec une teneur plus importante en THC, ce qui représente un véritable danger pour le système nerveux. A taux élevé, le THC n’est plus atténué par les autres substances contenues dans la plante.
Une forte augmentation du nombre de passages aux urgences
Dans certains pays comme les Etats-Unis, une hausse importante du nombre des passages aux urgences pour troubles psychiques dus à la consommation de cannabis a été constatée chez les adolescents. Dans le Colorado, les visites aux urgences ont bondi de 300%. Cela s’explique en grande partie par la légalisation du commerce de cette drogue à des fins thérapeutiques, puis à des fins récréatives.
En 2013, le Dr Didier Justras-Aswad, professeur au Département de psychiatrie à l’Université de Montréal, a appelé à la prudence quant à la légalisation et la décriminalisation du cannabis. La conclusion de son étude, publiée dans la revue Neuropharmacology, suggère de prendre en compte qu’une part non négligeable d’adolescents est vulnérable face à cette drogue.
Franck Schürhoff réclame également la mise en place de campagnes de prévention similaires à celles contre le tabagisme et l’alcoolisme. Il devient urgent d’informer et de sensibiliser les adolescents sur les dangers de la consommation précoce et régulière de cannabis. De même, il est essentiel de dépister les plus vulnérables pour prévenir la première crise psychotique.