Régime alimentaire : le cerveau reconditionné à aimer la nourriture saine
Rédigé par Marie Penavayre , le 04 September 2014 à 12h33
Un régime alimentaire qui procure du plaisir, impossible ? Selon une étude américaine publiée dans la revue Nutrition & Diabetes, il suffirait d’entrainer son cerveau à consommer des aliments sains, grâce à un programme de perte de poids qui apprivoise l’appétit…
L’attrait irrésistible de la malbouffe
« Ce n'est pas inné d'adorer les frites et de détester des aliments plus sains comme les pâtes », explique Susan B. Roberts, principale auteure de l’étude. Ce conditionnement est la réponse liée au fait de manger de manière répétée de la nourriture riche en calories. »
Les aliments riches en calories apportent plus de récompense que des aliments peu caloriques
Comme le suggère cette étude publiée il y a quelques jours, la malbouffe peut en effet créer une véritable dépendance, en piratant les circuits de récompense du cerveau. Une fois établie, cette dépendance peut être très difficile à combattre car elle engage, à travers un comportement gratifiant, une éternelle recherche de récompense.
Mais, si le cerveau peut devenir dépendant à la malbouffe, il peut également prendre goût et se réadapter à une nourriture saine…
Une expérience nutritive
Cette nouvelle étude a été menée auprès de 13 personnes obèses. 6 participants ont suivi pendant 6 mois un régime alimentaire conçu par les chercheurs, appelé « the iDiet », tandis que les autres ont poursuivi leurs habitudes alimentaires.
Le régime alimentaire iDiet est un régime riche en glucides lents, en fibres et en protéines, qui permet de réduire l’apport calorique de 500 à 1.000 calories par jour, sans entraîner une sensation de faim, expliquent les auteurs.
Au début et à la fin de l’expérience, les chercheurs ont exposé les deux groupes à une série de 40 images d’aliments alternativement peu caloriques et hautement caloriques. Les participants devaient évaluer leur appétence pour chacun des aliments, pendant que les chercheurs visualisaient leur activité cérébrale par IRM. Ils ont ainsi pu observer l’évolution de la réponse du système de récompense à des aliments faibles en calories, entre le début et la fin de l’expérience.
Des changements dans le circuit de la récompense
Résultats : non seulement les participants qui avaient suivi le régime iDiet ont perdu 6,3 kg en moyenne en 6 mois, mais surtout, ils déclaraient une appétence plus élevée pour des aliments faibles en calories. En clair, ce régime avait entraîné leur cerveau à préférer les aliments sains, aux aliments hautement caloriques. A l’inverse, les témoins ont pris en moyenne 2,1 kg et préféraient les aliments riches en calories.
En fait, les chercheurs ont constaté une modification fonctionnelle au niveau de deux zones cérébrales impliquées dans le circuit de la récompense. Ces aires présentaient précisément « un accroissement de la sensibilité aux aliments sains », annonçant un sentiment de satisfaction lorsqu’ils étaient consommés. A l’inverse, chez le groupe témoins, ces aires étaient plus actives lorsqu’on leur présentait des aliments à teneur calorique élevée.
Des résultats encourageants pour améliorer la « motivation cérébrale »
D’après les auteurs, c’est la première fois qu’un tel changement dans le circuit de récompense est constaté. Si ces résultats venaient à être confirmés, ils pourraient bien lancer de nouvelles méthodes nutritives pour rendre le régime alimentaire plus agréable : retrouver une alimentation saine, tout en regagnant le plaisir de bien manger.