Overdose aux opioïdes, accès difficile aux antidotes
Rédigé par La Rédaction , le 03 September 2019 à 15h16
Les surdoses d'opioïdes contenus dans certains médicaments antidouleurs sont en forte hausse et sont parfois à l'origine de décès.
Véritable fléau, la crise des opioïdes constitue un problème de santé publique aux Etats-Unis. Chaque jour, 130 Américains en meurent suite à une surdose. En France, la situation devient aussi de plus en plus alarmante. Le nombre d’overdoses et de décès a fortement augmenté sur les 15 dernières années.
Une hausse préoccupante des overdoses liée aux antidouleurs
Les opioïdes sont des substances psychoactives provenant du pavot à opium ou des produits analogues de synthèse ayant des effets comparables. L’héroïne et la morphine en font partie. D’après l’OMS ou Organisation mondiale de la santé, le nombre d’individus souffrant d’une addiction aux opioïdes est évalué à plus de 15 millions. La majorité d’entre eux consomme de l’héroïne fabriquée illicitement.
Toutefois, la proportion des personnes qui prennent des opioïdes sur ordonnance ne cesse de croître, de même que les décès. De 2010 à 2015, le nombre de morts par surdose d’opioïdes médicaments est passé de 75 à 200, selon le Pr Nicolas Authier de l’OFMA ou Observatoire français des médicaments antalgiques. Lorsqu’une douleur s’exacerbe, le patient multiplie les prises.
Les risques de surdosage sont ainsi réels, même si une personne n’a pas d’addiction. A forte dose, les opioïdes sont susceptibles de provoqués une détresse respiratoire, voire le décès. A l’heure actuelle, il existe des antidotes en cas d’overdose. Disponibles en kits prêts à l’emploi, ces antidotes stoppent la surdose en attendant l’intervention des secours.
Des antidotes méconnus des pharmacies et difficiles à obtenir
En France, les antidotes à une overdose d’opioïdes sont commercialisés sous deux formes. La première, le Nalscue, est un spray nasal, tandis que la seconde, le Prenoxad, est proposée sous forme injectable en intramusculaire. Le Nalscue est uniquement disponible dans les hôpitaux et centres d’accueil et de soins spécialisés dans les addictions. En plus, il n’est pas remboursé par l’Assurance maladie.
Par contre, le Prenoxad peut être délivré en pharmacie, avec ou sans ordonnance. Prescrit par un médecin, il est remboursé à hauteur de 65 %. Malheureusement, il n’est disponible que dans une pharmacie sur 40 selon un testing réalisé avec une association d’usagers de drogues. Pis, 66 % des pharmaciens ne connaissent même pas son existence.
Le Pr Michel Reynaud, président du Fond actions addictions, appelle à une facilitation de la procédure pour permettre aux pharmacies de commander les antidotes auprès des laboratoires. Cela permettrait de prévenir les 80 % de morts évitables reconnus par le ministère de la Santé. Par ailleurs, la formation et la mobilisation des professionnels de santé sont primordiales.