Une enzyme jouerait un rôle majeur dans l’addiction à l'alcool
Rédigé par La Rédaction , le 02 September 2016 à 12h38
L’alcool est une substance psycho-active. Sa consommation modifie la conscience, l’humeur, le comportement et la perception. La dépendance à l’alcool, en particulier chez les jeunes, est actuellement un problème majeur. Une étude menée par des chercheurs suédois et américains a permis de découvrir qu’un déficit de l’enzyme PRDM2 favorise l’addiction.
L’inactivité de PRDM2 affecte le contrôle des pulsions
De nombreux scientifiques ont émis depuis longtemps l’hypothèse d’une possible défaillance des fonctions cérébrales au niveau du lobe frontal chez une personne alcoolique. Responsable de la prise de décision, du jugement et de la personnalité, cette région du cerveau est aussi en charge du contrôle des pulsions. Celui-ci est difficile, voire impossible, en cas d’altération du cortex frontal.
Cette étude réalisée par les chercheurs des universités de Linköping et de Miami ont mis la lumière sur les mécanismes biologiques à l’origine de ce phénomène. Ils ont étudié des rats qu’ils ont exposés 14 heures par jour à des vapeurs d’alcool durant sept semaines. Ils les ont ensuite soumis à trois semaines de privation.
Ils ont constaté dans le cerveau des cobayes en état de manque une baisse de l’expression de l’enzyme épigénétique PRDM2. D’après Estelle Barbier, stagiaire postdoctoral au Center for Social & Affective Neuroscience de l’université de Linköping, celle-ci joue un rôle essentiel dans la régulation de l’expression des gènes impliqués dans la neurotransmission ainsi que la libération de neurotransmetteurs dans les synapses.
Une enzyme traditionnellement suppresseuse de tumeur
Jusqu’ici, les études sur cette enzyme ont été réalisées dans le cadre de la cancérologie. Selon le Pr Markus Heilig, directeur du Center for Social and Affective Neuroscience de l'université de Linköping, une production en faible quantité de PRDM2 ou son inactivation est associée à l’apparition de plusieurs cancers chez l’homme. Désormais, les scientifiques sont sûrs de son implication dans la diminution de l’activité dans le cortex frontal.
Chez un sujet alcoolique, le déficit d’enzyme PRDM2 réduit les signaux efficaces entre les cellules le rendant dépendant et incapable de contrôler ses pulsions. D’après le Pr Michel Reynaud, professeur en addictologie à l'hôpital Paul-Brousse et Président du fonds Actions Addictions, il court-circuite le système frontal. Le désir devient alors besoin.
Cette découverte par les chercheurs suédois et américains revêt ainsi une importance capitale. Ils espèrent dans un premier temps réduire la stigmatisation des alcooliques. Outre cet enjeu, ils travaillent également sur la mise au point de médicaments. Toutefois, le Pr Reynaud insiste sur la nécessité d’adopter un comportement responsable vis-à-vis des produits addictogènes comme l’alcool.