Une pilule contre le vieillissement en cours de création ?
Rédigé par Laure Hanggi , le 29 October 2014 à 15h30

Une vieille dame prenant des médicaments.
À l'heure où l'espérance de vie ne cesse d'augmenter dans nos sociétés, les scientifiques se penchent de plus en plus sur les moyens de vieillir en bonne santé. Parmi ces chercheurs, une équipe française vient de publier les résultats de son étude, portant sur l'élaboration d'une pilule anti-vieillissement. La course est en effet lancée, dans le monde de la recherche, pour trouver le moyen d'accroître la longévité de l'Homme.
Des résultats prometteurs
Le défi que doivent affronter aujourd'hui nos sociétés ne réside plus dans le fait de vivre longtemps, mais dans celui de vivre vieux et en bonne santé. L'allongement de l'espérance de vie (3 mois en plus chaque année) s'est accompagné du développement des maladies neurodégénératives et des cancers.
C'est pour remédier à cette situation que le généticien Hugo Aguilaniu et son équipe espèrent trouver un moyen, par le biais de molécules, nous permettant de vieillir en bonne santé. Ces chercheurs sont en effet plutôt optimistes après la réalisation de leur étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications.
Pour son expérience, l'équipe s'est servie de C. elegans, un ver d'à peine un millimètre de long, connu pour avoir déjà fourni quantité d'informations sur les mécanismes du vieillissement. Les généticiens l'ont soumis à une diète sévère, proche de la malnutrition, le gardant ainsi en vie près de 6 mois, quand ce ver ne dépasse d'ordinaire pas les deux semaines de vie. En effet, en réponse à cette diète, le ver produit une molécule, l'acide dafachronique, qui a la particularité d'accroître la longévité de l'organisme. Testé sur la souris, ce procédé a augmenté son espérance de vie de 25 %. Également efficace sur le chat ou les primates, ce procédé nourrit l'espoir, chez les chercheurs, que celui-ci puisse fonctionner chez l'Homme, qui possède lui aussi une molécule cousine de cet acide dafachronique.
Une pilule d'ici 10 ans ?
Les choses sont encore loin d'être abouties. Tout d'abord, Hugo Aguilaniu met en garde contre l'engouement entourant la restriction alimentaire et déconseille fortement d'adopter une diète similaire à celle de son expérience. Il ne s'agit pas là de s'affamer pour vivre plus longtemps. Consommer moins de 1000 calories par jour pour un adulte d'environ 70 kilos est loin d'être recommandé. Obsédées par la faim, les personnes deviennent déprimées et agressives.
De plus, l'acide dafachronique a aussi pour conséquence l'irritabilité, et la baisse de fertilité et de libido. L'objectif d'Hugo Aguilaniu et de son équipe est donc désormais de dissocier les effets indésirables de cette molécule de son effet bénéfique sur le vieillissement, pour obtenir un traitement thérapeutique satisfaisant.
Pour le généticien, « si on arrive à comprendre tous ces mécanismes, on pourra agir pour avoir les effets positifs sans les effets négatifs [de la molécule ] ». Il affirme également que, selon lui, cette étude pourrait avoir des conséquences concrètes d'ici une dizaine d'années.
Cette course à la solution anti-vieillissement témoigne d'une évolution de nos sociétés et de la manière dont la vieillesse elle-même est appréhendée. Ces recherches représentent pour Hugo Aguilaniu « la suite normale de l'évolution humaine : il y a un siècle, 50 % des enfants mourraient avant dix ans puis les antibiotiques sont arrivés. Un jour, les maladies du vieillissement deviendront les infections d’hier ».
Qui décrochera la poule aux œufs d'or ?
Cette étude est loin d'être la première à s'intéresser à ces questions de longévité. Une cinquantaine de gènes, pouvant avoir un impact sur la longévité, ont ainsi été identifiés, la plupart d'entre eux jouant à l'origine un rôle dans le métabolisme et la résistance au stress. L'un des plus connus est le gène ApoE, impliqué dans le transport du cholestérol et qui est surreprésenté chez les centenaires.
La molécule, découverte par l'équipe française, pourrait également être utilisée en lien avec la Rapamycine, un antibiotique découvert dans les sols de l'île de Pâques et qui, selon une étude parue dans Nature en 2009, aurait prolongé la vie de souris âgées.
Pour Hugo Aguilaniu, si une solution était trouvée, celle-ci ne serait « pas présentée comme une pilule de la longévité car cela prendrait la durée d'une vie pour l'expérimenter. Et il est peu probable qu'un laboratoire s'engage sur cette durée ». Les grandes firmes pharmaceutiques ont quand même déjà toutes accru le financement de leur département « vieillissement ». Même Google prend part à ce mouvement, sa société de biotechnologies Calico accueillant à bras ouverts les meilleurs chercheurs de la planète.
Ces recherches et leurs résultats, qui pourraient permettre dans un futur proche d'augmenter la longévité des hommes, sont ainsi bel et bien devenus un enjeu majeur de notre temps.