Se faire « détatouer » est toujours compliqué et coûteux
Rédigé par Emmylou Drys , le 18 June 2014 à 08h52
Les tatouages colorés sont les plus ardus à effacer
Aujourd’hui, mercredi 18 juin, se tient la troisième édition des Journées de dermatologie interventionnelle. Au programme de ce colloque, entre autres, se trouvent les méthodes pour effacer les tatouages. L’occasion de revenir sur un processus long, compliqué et coûteux.
« J’étais jeune, je m’étais fait tatouer cette bimbo sur une moto lorsque j’avais 25 ans. J’en ai maintenant 52 et malgré avoir essayé de le faire effacer, j’ai des cicatrices et il n’a pas totalement disparu » explique Thierry, un cuisinier originaire de Bretagne qui regrette amèrement d’être passé sous l’aiguille du tatoueur. Ce n’est pas le seul. Le tatouage, véritable engouement depuis des années se fait de plus en plus tôt, ce qui induit une volonté plus rapide d’effacer ce qui est parfois considéré comme une erreur de jeunesse.
Une fragmentation des particules d’encre
Afin de se faire retirer un tatouage, il faut se diriger vers un dermatologue. : « Nous avons fait de gros progrès depuis le milieu des années 1990 grâce à l'utilisation de lasers spécifiques permettant d'éviter les cicatrices», résume le Dr Jean-Michel Mazer, directeur du Centre Laser International de la Peau de Paris (Clipp). En effet, il y a de cela quelques années, il fallait passer par une opération, parfois une greffe de peau ou une dermabrasion [ponçage de l’épiderme], laissant indubitablement des cicatrices peu esthétiques.
Aujourd’hui, les lasers « Q-Switched », grâce à un système de fragmentation progressive des particules d’encre, permettent d’éviter ces marques disgracieuses. Les poussières d’encre restantes sont ensuite naturellement évacuées par l’urine.
Il faut compter entre 5 et 12 séances, chacune espacée de 2 mois, pour l’effacement du dessin. Cela dépend de la pigmentation, de la taille et de l’endroit où il a été effectué. Chaque séance varie de 150 à 300 €, le prix final pour le tatoué se comptant donc en milliers d’euros, puisque la Sécurité Sociale ne rembourse pas ces gestes.
Mieux vaut éviter les couleurs
D’après le Dr Mazer, le risque d’échec du retrait "est plus important en cas de couleurs multiples, de densité importante, de tatouage récent et de séances trop rapprochées". Par exemple, la couleur rouge, le vert et le jaune ne peuvent pas partir complètement. Les couleurs foncées sont les plus facilement traitables.
Selon une étude parue en 2012, 50 % ont leur tatouage totalement effacé après 10 séances et 75 % après 15 séances. Cependant, concernant les tatouages cosmétiques (contour des lèvres, sourcils etc.), il n’est pas recommandé d’effectuer un détatouge, mieux vaut attendre qu’il disparaisse par lui-même au bout de quelques années.
Une personne sur trois regrette son tatouage
Selon une étude effectuée l’année dernière, une personne sur trois regretterait son tatouage et près qu’un quart de la population occidentale serait tatouée, bien que l’on suppose que ce chiffre ait augmenté depuis vu le succès que connait le tatoo.
En France, on estime que 20 % des personnes tatouées ont entre 25 et 34 ans. Dû à ce jeune âge, les patients vont de plus en plus tôt retirer leurs dessins, parce qu’ils ne sont plus d’actualité, trop provocateurs ou que cela les empêche d’entrer sur le marché professionnel.
Suite à un effacement de tatouage, il est recommandé de ne porter que des vêtements 100 % coton, de ne pas s’exposer au soleil et de ne pas se faire re-tatouer avant au moins 6 mois.