Tsamsa, la bête noire de l'anthrax
Rédigé par Alexis Van Wittenberghe , le 29 January 2014 à 12h03
En Namibie, une équipe de chercheurs a découvert un bactériophage capable de venir à bout de la maladie du charbon, plus connue sous le nom d'anthrax.
La découverte a été faite dans les plaines de Namibie par une mission scientifique de l’Université de Californie. C’est une carcasse de zèbre, découverte dans le Parc national d’Etosha, qui a attiré l'attention des chercheurs. L’animal est décédé, infecté par la maladie du charbon, plus connue sous le nom d’anthrax.
La bactérie bacillus anthracis est une cause courante de décès chez les herbivores des plaines namibiennes. Les animaux qui viennent paître entrent en contact avec le bacille, ce dernier survivant dans les sols arides sous la forme de spores. Néanmoins, ce fut une autre découverte, plus précieuse au regard de la science, qui a été révélée lundi dans la revue scientifique PlosOne.
Tsamsa, l’anti-anthrax naturel
La grande surprise pour les scientifiques fut la découverte d’un autre virus, bactériophage, qui s’attaque tout particulièrement à la maladie du charbon. « Ce virus était un prédateur de la bactérie de l’anthrax » explique Holly Ganz, l’une des chercheuses de l’UC Davis Genome Center en Californie, qui a participé à l’expédition. Tout comme l’anthrax qui s’attaque à son organisme hôte, le Tsamsa - c’est le nom donné à ce nouveau virus – infecte le bacille de l’anthrax et fini par le tuer.
Ce nouveau virus présente une taille et une constitution particulières. Il dispose d’une grosse tête, d’une longue queue et, chose la plus intéressante, un génome très riche. Le Tsamsa fait partie des plus gros bactériophages jamais rencontrés pour le moment.
Ces virus chasseurs de bactérie ont souvent une proie particulière. Le bacille du charbon atteint entre 100.000 et 200.000 personnes à travers le monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Utiliser un bactériophage comme agent anti-microbiens est donc une perspective intéressante pour les chercheurs.
Les bactériophages, avenir de la médecine ?
On pourrait un jour se servir de ce virus pour détecter la bactérie de l’anthrax ou l’utiliser comme alternative aux antibiotiques » s’est confié le professeur Ganz. Mais bien au-delà de l’usage médical contre l’anthrax, le bacille de Tsamsa semble offrir d’autres possibilités aux scientifiques. Il contamine d’autres bactéries de structure similaire au bacillus anthracis comme le bacillus cereus, à l’origine d’intoxication alimentaire.
C’est en séquençant le génome du virus que les chercheurs ont mis la main sur le gène responsable de la production de l’enzyme anti-bactérienne, la lysine. Cette protéine n’a pas encore tout révélé de ses usages potentiels, mais on peut espérer pouvoir l’utiliser comme agent antibiotique ou désinfectant.
Lorsque les scientifiques ont découvert les bactériophages au début du XXe siècle, l’intérêt qu’on leur a porté était important. L’arrivée de la pénicilline en 1928, puis celles d’autres antibiotiques ont finalement écarté les chercheurs occidentaux de la recherche sur les bactériophages. Néanmoins la recherche a perdurée en URSS.
Les scientifiques ont fait ici une découverte qui va sûrement relancer l’intérêt pour ces petits organismes.